Que consomme et coûte un appareil de climatisation?

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Les températures augmentent à nouveau, la prochaine vague de chaleur n’est plus très loin. Et comme à chaque fois, elle déclenchera de nouvelles installations de climatiseurs.

Les températures repartent vers le haut, les barbecues ressortent des abris de jardin chez les citoyens qui ont un espace extérieur pour en profiter. Mais chez ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un petit coin de verdure rafraîchissant, l’idée d’un air co fait progressivement son chemin.

Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), au moins un quart des ménages français sont équipés de climatisation. Et la Belgique n’est pas en reste. Alors une fois que cette vague de chaleur sera installée, ainsi que les clim’, ils pourront chanter « auprès de ma clim’ je vivais heureux, j’aurais jamais dû m’éloigner de ma clim’ ».

Oui mais cela consomme un climatiseur… Voici les chiffres clés sur sa consommation électrique et sonempreinte carbone de la climatisation.

Quelle consommation électrique totale?

D’après le bilan de l’Ademe, en 2020 (derniers chiffres disponibles), la consommation totale des systèmes de climatisation en France s’est élevée à 15,5 térawattheures (TWh), dont 4,9 TWh dans le résidentiel. Soit une part minime de la consommation brute d’électricité du pays, qui était de 449 TWh, selon le gestionnaire des lignes haute tension, RTE.

Selon une analyse prospective menée par Econopolis, la généralisation de la climatisation dans les logements belges pourrait entraîner une hausse significative de la consommation électrique nationale. En se basant sur un scénario où 50 % des ménages belges seraient équipés de systèmes de climatisation, comme c’est le cas en Italie, la demande annuelle en électricité augmenterait de 2,47 térawattheures (TWh). Ce chiffre représente environ 6,2 % de la consommation totale d’électricité du pays, une augmentation non négligeable dans un contexte de transition énergétique et de pressions sur le réseau électrique.

Quelle consommation individuelle?

La consommation électrique dépend de la puissance des appareils, mais un climatiseur mobile peut consommer 2,5 fois plus d’électricité qu’un modèle fixe, selon l’Ademe.

Laisser allumé un ventilateur d’une puissance de 50 watts (W) pendant une nuit de huit heures consomme 400 Wh, soit de l’ordre de 0,08 euro (au prix de 0,20 euro le kWh du “tarif bleu” d’EDF en option “base” en vigueur en 2025).

Un climatiseur de 1.500 W consommera lui 12 kWh et coûtera 2,40 euros en huit heures, au même tarif.

Quelle empreinte carbone?

En tournant 48 heures pour faire face à une vague de chaleur, un climatiseur générera l’équivalent de 2,3 kg de CO2 à cause de sa consommation électrique. Du moins, si l’on prend l’empreinte carbone moyenne de l’électricité française, largement décarbonée. Elle est en effet pour plus des deux tiers d’origine nucléaire (32 grammes de CO2 équivalent par kWh, selon les données RTE de 2023).

Même demande côté belge. S’il tourne pendant 2 jours, un climatiseur générera l’équivalent de 5,3 kg de CO₂ à cause de sa consommation électrique. Du moins, si l’on prend l’empreinte carbone moyenne de l’électricité belge (110 grammes de CO₂ équivalent par kWh, selon les données Nowtricity pour 2024).

D’autres sources, comme Engie, mentionnent un facteur d’émission légèrement plus élevé (131,7 g/kWh pour 2024). Utiliser ce chiffre conduirait à une estimation plus proche de 6,3 kg de CO₂ sur 48 heures.

A quoi cela se compare-t-il?

A titre de comparaison, le calculateur d’émission carbone d’un trajet de l’Ademe donne :

  • Une escapade aller-retour en voiture en Normandie depuis Paris à la recherche de fraîcheur se chiffre à 86,8 kg CO2 équivalent.
  • Un vol aller-retour Paris-Oslo génère, lui, 296 kg de CO2 équivalent, d’après le calculateur d’émissions de gaz à effet de serre de l’aviation mis en ligne par le ministère des Transports.

Cette comparaison est imparfaite car l’empreinte climatique des climatiseurs est principalement due à la fabrication et aux fuites de leurs fluides frigorigènes. Il s’agit de puissants gaz à effet de serre, aux émissions plus de deux fois plus importantes que celles liées à la consommation d’électricité, selon l’Ademe.

La climatisation est ainsi responsable d’environ 1% du total des émissions de gaz à effet de serre de la France.

Autres effets secondaires

En outre, relève Brice Tréméac, “en climatisant l’intérieur, on va aller réchauffer l’air extérieur. Et dans une ville dense comme Paris, ça peut augmenter de quelques degrés la température à deux mètres du sol.”

Si toute la région parisienne utilisait la climatisation lors d’une canicule, la température dans les rues augmenterait de 2,4°C, selon une étude du CNRS, de Météo-France, de l’Ecole des Ponts Paris-Tech et du Cired en 2020.

“Une climatisation mal choisie ou mal installée sera moins performante et augmentera les consommations d’électricité” ainsi que les risques de pollution “au sens large”, résume Brice Tréméac.

D’où l’importance de privilégier les appareils de climatisation les plus économes en énergie, étiquetés A+++, plutôt que les moins économes (A). Ou de ne pas activer la climatisation tant que la température intérieure reste inférieure à 26°C.

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