Ce mardi soir, entre 20h et 22h, les prix de l’électricité ont atteint des sommets inédits pour une période estivale : jusqu’à 517 euros le mégawattheure sur le marché de gros belge.
Une situation « du jamais vu en été », souligne Patrick Claessens, ingénieur civil de l’ULB et expert en stratégie énergétique.
Le marché de gros, explique-t-il, est réservé aux grands acteurs comme les fournisseurs ou les industriels. Son fonctionnement repose sur le principe du merit order, qui consiste à activer en priorité les sources de production les moins chères : d’abord l’éolien et le solaire, puis le nucléaire, et enfin le gaz lorsque les autres sources ne suffisent plus.
Mardi soir, la combinaison d’une forte demande liée à la canicule (climatisation, ventilation) et d’une faible production renouvelable (moins de soleil en soirée, pas de vent) a tendu le réseau. « La variable d’ajustement, ce sont les centrales au gaz, essentiellement détenues en Belgique par un acteur dominant, Engie », précise Claessens. Cette concentration du marché interroge, d’autant que les prix belges dépassent largement ceux observés en France (200 à 250 €/MWh) ou en Allemagne (470 €/MWh).
Ce pic illustre à la fois les limites du mix électrique belge face aux conditions extrêmes et la vulnérabilité d’un marché concentré aux tensions ponctuelles de l’offre et de la demande.