Pour la Creg aussi, la stratégie hydrogène belge brasse du vent

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Après la Cour des Comptes européenne, la Creg aussi pointe le développement chaotique du marché de l’hydrogène dans notre pays, et le risque de délocalisation que cela pourrait amener.

Quelques heures après le rapport assassin de la Cour des Comptes européennes sur les objectifs irréalistes fixés par les instances européennes au marché de l’hydrogène vert, c’est au tour de la Creg d’en remettre une couche.

Selon L’Echo, qui a pu lire un rapport de notre régulateur national, ce qui se passe au niveau européen se passe aussi au niveau belge.

L’objectif européen, rappelons-le, prévoit la production de 10 millions de tonnes d’hydrogène vert dans l’UE elle-même, ce qui suppose de bâtir dans six ans une capacité d’électrolyse de 140 GW, et prévoit aussi l’importation de 10 millions de tonnes supplémentaires d’ici à 2030.

Mais au niveau industriel, nous ne sommes pas très loin, ni en Europe, ni en Belgique. La Belgique devrait avoir en 2026 une capacité d’électrolyse de  150 MWh, capable de produire 0,5TWh. Il y a bien d’autres projets plus importants, prévoyant de 8,8TWh. Mais on parle ici non plus d’hydrogène vert (qui est l’hydrogène produit à partir d’une électricité décarbonée, comme celle des éoliennes par exemple), mais d’hydrogène bleu, produit à partir du charbon et surtout du gaz, et couplé à une capacité de capture, souvent partielle, des émissions carbone.

Rentabilité problématique

Le grand problème de l’hydrogène vert reste sa rentabilité problématique. Il devrait rester deux ou trois fois plus cher à produire que l’hydrogène bleu, même à l’horizon 2030

Mais ces problèmes du côté de l’offre rencontrent aussi des problèmes du côté de la demande.  Un point qu’avait souligné également la Cour des Comptes européenne. « La Belgique table sur une demande venant notamment des processus industriels nécessitant de hautes températures, cet usage de l’hydrogène est de plus en plus remis en question au profit de l’électrification », note L’Echo résumant le rapport de la Creg.

Certes, Fluxys, les gestionnaires du réseau gazier, a décidé d’investir environ 300 millions d’euros pour développer son réseau de canalisation, mais ce n’est pas suffisant, et les industriels se tâtent toujours pour savoir s’ils vont utiliser de l’hydrogène, et si oui, s’ils vont l’utiliser en Belgique. Car ce flou stratégique risque de pousser certaines industries à envisager à se délocaliser.

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