Pour Engie, la demande de Bart De Wever de prolonger le nucléaire n’est pas la solution
Bart De Wever rencontrera les dirigeant d’Engie ce vendredi pour discuter du développement du nucléaire, rapporte L’Echo et De Tijd. Un virage de l’entreprise sur le nucléaire n’est toutefois pas à l’ordre du jour. Pour Engie, prolonger Doel 4 et Tihange 3 pour dix ans reste la priorité.
Le formateur Bart De Wever (N-VA) doit rencontrer ce vendredi les dirigeants d’Engie en Belgique pour discuter du développement du nucléaire. Cette rencontre fait suite au courrier envoyé la semaine dernière par le formateur à la société énergétique pour l’informer de l’intention de la future coalition Arizona de miser sur le nucléaire, et de faire tourner Doel 4 et Tihange 3 plus longtemps que les dix ans supplémentaires convenus entre Engie et le gouvernement De Croo. L’objectif est de réclamer une prolongation jusqu’en 2045.
Engie ne va pas “changer les règles du jeu”
Engie a déjà été avertie qu’une telle demande allait lui parvenir en cas de gouvernement sans les verts. Mais la priorité de l’énergéticien, qui réiterera sa position au formateur vendredi, est connue depuis longtemps: mener à bien la prolongation des deux réacteurs les plus récents pour dix ans. “Tant que nous n’avons pas reçu le feu vert de l’Europe, nous n’allons pas changer les règles du jeu“, déclare Engie à L’Echo et au Tijd. Bien que le futur gouvernement ait placé le nucléaire en priorité sur son agenda, il devra examiner les chiffres de manière rigoureuse, laisse filtrer Engie à L’Echo. Il doit d’abord évaluer les besoins en énergie et déterminer les échéances. Ensuite, il devra s’assurer que cette énergie soit abordable.
Miser sur le renouvelable
Le chapitre du nucléaire semble bel et bien clos pour Engie. La société déclarait déjà au printemps vouloir se concentrer pleinement sur la prolongation des centrales de dix ans. “C’est une priorité pour nous. Il y a déjà assez de travail. On prend nos responsabilités pour respecter nos engagements vis-à-vis de l’accord gouvernemental pour prolonger en toute sécurité l’exploitation des deux réacteurs pour 10 ans et pour mener à bien le démantèlement des autres centrales nucléaires”, expliquait Vincent Verbeke, le country manager d’Engie à Trends Tendances.
Pour Engie, le nucléaire ne fait clairement plus partie de ses priorités d’investissement et de développement. Son country manager expliquait lors de la présentation de la stratégie de la société à l’horizon 2030 vouloir avant tout miser sur le renouvelable. La nouvelle stratégie #Energize2030 d’Engie comporte des objectifs très ambitieux en termes de capacités renouvelables et de flexibilité. Le groupe investira jusqu’à 4 milliards en Belgique. Depuis, la société ne semble donc pas avoir changé son fusil d’épaule sur le dossier nucléaire.
Engie, en position de négociation
En coulisses, plusieurs points sont toutefois mis en avant concernant la prolongation du nucléaire, détaille L’Echo. Le nucléaire n’est pas la solution pour résoudre les problèmes énergétiques de l’industrie belge, avance Engie. La prolongation de dix ans de Doel 4 et Tihange 3 est déjà très coûteuse, avec un prix garanti qui pourrait dépasser 80 euros par MWh. Par conséquent, pour réduire les prix élevés de l’énergie, il est nécessaire d’explorer d’autres solutions, comme la construction de centrales au gaz.
Un autre opérateur
Engie reste toutefois en position de négociation. La société avait en effet déjà déclaré la prolongation impossible avant de finalement accepter de prolonger Doel 4 et Tihange 3 de dix ans. Cependant, une prolongation au-delà de cela ne semble pas envisageable. Et si de nouvelles négociations à ce sujet ont lieu, ce ne sera pas forcément une partie de plaisir. Les précédentes négociations avec Engie ont duré des mois, accouché d’un accord de plusieurs centaines de pages avec des litiges financiers potentiels sur le coût du démantèlement.
Quant à la prolongation d’autres réacteurs, elle est jugée impraticable par la société, avance L’Echo, en raison notamment des exigences strictes de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) concernant la sûreté, notamment pour résister aux tremblements de terre, ou à la chute d’un avion. Un scénario impayable. Si le futur gouvernement insiste davantage sur le nucléaire, “il devrait probablement trouver un autre opérateur nucléaire”, estime L’Echo.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici