“Pour le nucléaire en Belgique, nous avons besoin de stabilité politique”
Dans notre Trends Talk, Hamid Aït Abderrahim, directeur général de Myrrha, raconte ce projet de recherche extraordinaire. Il pourrait provoquer des révolutions médicales, pour soigner le cancer, et énergétiques, pour réutiliser les déchets nucléaires. La Belgique doit retrouver son rôle de pionnier.
Hamid Aït Abderrahim, directeur général de Myrrha, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Ce pionnier de la recherche nucléaire aime s’inspirer des aventuriers de l’espace, Niels Armstrong ou Tintin sur la lune, quand il évoque ce projet de recherche extraordinaire.
“Le projet Myrrha, c’est un nouveau concept de réacteur nucléaire sous-critique, c’est-à-dire qu’il ne contient pas assez de matières fissiles pour auto-entretenir la réaction en chaîne. La raison essentielle de ce choix, c’est parce que nous voulons utiliser comme combustible nucléaire quelque chose qui va contenir des noyaux plus lourds que l’uranium ou le plutonium.”
Une révolution? “Je dirais que c’est une approche nouvelle, à laquelle on a pensé il y a longtemps”, dit-il. Parmi ses atouts, à terme, la possibilité de réutiliser une large partie des déchets nucléaires.
“Soigner le cancer”
Cette approche pourrait induire des révolutions, très concrètes, en matière de médecine nucléaire, notamment. “Notre réacteur BR2, en Belgique, produit 25% des radio-isotopes dans le monde, explique Hamid Aït Abderrahim. Cela sert à établir des diagnostics. Il faut aller un niveau plus loin et créer des radio-isotopes qui permettent de guérir le cancer.”
L’horizon n’est pas lointain, précise-t-il, cela pourrait aboutir dans la décennie qui vient, voir avant cela. “Quand on voit le nombre de cancers, toute nouvelle thérapie est la bienvenue, insiste-t-il. Il y aura bientôt des avancées spectaculaires.”
Le retour du nucléaire
En matière énergétique, le projet Myrrha permettrait de travailler à une forme de SMR conçu par la Belgique, avec un consortium international. “La taille de notre réacteur est celle d’un SMR, souligne le directeur général de Myrrha. Si on devait produire de l’électricité, il fournirait environ 40MW. Mais aujourd’hui, cela recherche une machine de recherche.”
“Ce réacteur sert de base de test pour toutes les nouvelles technologies de réacteurs nucléaires”, prolonge-t-il. Le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo a d’ailleurs demandé ses conseils pour imaginer les SMR du futur.
Le futur gouvernement fédéral de Bart De Wever devrait relancer la filière nucléaire. Des entreprises italienne et canadienne sont récemment venues dans notre pays pour explorer le marché. “Si des acteurs italiens et canadiens viennent en Belgique pour s’intéresser au nucléaire, cela signifie que notre pays est attractif“, se réjouit-il.
Mais il ajoute et insiste: “Nous sommes un des pays en Europe occidentale qui a un très longue histoire nucléaire. Nous avons été des pionniers dans de nombreux domaines. Cette histoire de succès continu a été possible parce qu’il y a eu une stabilité politique de soutien à cette énergie. Les gros investissements demandent du temps, pour réussir, il faut cette stabilité.”
Un Trends Talk passionnant, à ne pas manquer, pour évoquer une ambition belge.
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