“Les premiers réacteurs nucléaires SMR pourraient être opérationnels en Belgique en 2035” 

Alexander De Croo au début du Sommet nucléaire à Bruxelles. (Photo by KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Dans notre Trends Talk, Magali Vercammen (KPMG) explique pourquoi les industriels sont demandeurs du retour du nucléaire. Serge Dauby (Forum nucléaire) salue ce retour en grâce et demande un changement de la loi: “On ne met pas un milliard sur la table sans certitudes”.  

Serge Dauby, directeur général du Forum nucléaire belge, et Magali Vercammen, Energy sector lead chez KPMG, sont les invités de notre Trends Talk, qui passera en boucle ce week-end sur Canal Z. L’occasion d’évoquer avec eux le retour du nucléaire à la une de l’actualité, mais aussi de les confronter aux questions qui fâchent. L’énergie décarbonée est à nouveau évoquée pour le mix énergétique futur, mais contestée par les écologistes. 

“Politiques et industriels mobilisés”

Après la prolongation de deux réacteurs en Belgique et un investissement modeste dans le développement de SMR, le Sommet mondial organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique, à Bruxelles, le 21 mars, était plus qu’un symbole, dit Serge Dauby. “C’était la première fois qu’un tel Sommet était organisé à l’échelle mondiale en rassemblant plus de 37 nations. Elles ont défilé pour dire que le nucléaire n’était pas seulement une bonne chose, mais que c’était aussi une solution pour sauver le climat. Je souligne à ce niveau l’engagement du monde politique belge dans cette logique, tant d’Alexander De Croo que de Charles Michel, et je le comprends.” 

Magali Vercammen, Energy sector lead, avait organisé, la veille, une table ronde réunissant le secteur et des industriels. Ce n’est pas anecdotique, car cela témoigne d’une volonté de concrétiser ce retour dans les faits. “Il est ressorti de cette table ronde que les industriels sont pleinement engagés pour atteindre les objectifs de neutralité carboné que nous nous sommes fixés à l’horizon 2050. Mais pour cela, ils ont besoin de solutions sur le plan énergétique. Ils demandent à la Belgique une stratégie claire, stable et cohérente, avec une énergie décarbonée et à un prix qui assure leur compétitivité au niveau international. Les SMR apparaissent comme une solution potentielle.” 

Concrètement, KPMG a entamé un travail pour réunir les acteurs potentiels d’un développement, en balisant déjà le financement. Quand les premiers pourraient-ils sortir de terre? “Selon Tractebel, qui était également à la table ronde, on pourrait voir un premier réacteur opérationnel en Belgique à l’horizon 2035.” La construction durerait quatre à cinq ans, la période précédant cela servant à la sélection des sites, le choix du projet… Il faut entamer le chemin dès à présent. 

Un message aux écologistes

Il reste toutefois un obstacle majeur: la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire devrait être abrogée et les écologistes s’y opposent. “Cette loi date d’il y a vingt ans et les réalités d’alors n’étaient pas celle d’aujourd’hui”, souligne Serge Dauby. Le contexte géopolitique est chahuté, mais les besoins de l’industrie sont importants, en raison de l’électrification masssive annoncée. “Il faut un cadre régulatoire clair, faute de quoi l’industrie ne va pas investir, dit le directeur général du Forum. On ne met pas un milliard sur la table sans certitudes. Il faut abolir la loi de 2003 et la remplacer par un nouveau cadre régulatoire donnant uen vision à long terme.” 

Que répond-il aux écologistes, qui soulignent, étude à la clé, que leur volonté d’un mix énergétique 100% renouvelable est possible? “Le climat mérite autre chose que des slogans publicitaires ou politiques”, rétorque Serge Dauby. Aujourd’hui, ce sont des actes qu’il nous faut.” 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content