Melissa Depraetere, la ministre flamande de l’Énergie, victime de sa communication

Melissa Depraetere, ministre flamande en charge de l’Énergie © Belga

L’octroi annoncé, à 35% des ménages de Flandre, de bons de réduction pour acheter des appareils domestiques à haute efficacité énergétique a provoqué un tel engouement qu’aujourd’hui, Melissa Depraetere, ministre en charge de l’Énergie, ne sait plus trop comment rétropédaler.

Lorsque les prix de l’énergie s’envolent, la frange la plus défavorisée de la population se trouve doublement touchée dans la mesure où les maigres ressources de leurs membres leur interdisent l’accès à des appareils domestiques peu énergivores, généralement plus chers à l’achat. Conscient du problème, le gouvernement flamand a introduit, en 2007 déjà, un système de primes destiné à soutenir cette population dans l’acquisition d’appareils ménagers à haute efficacité énergétique, avec pour critère de sélection le statut social du demandeur.

Décrié de toutes parts, ce dernier a été, sous la législature précédente, remplacé par une condition de revenus dont les montants – 36.430 euros pour un couple plus 4.330 euros par personne à charge – ont été dévoilés un peu avant Noël par Melissa Depraetere. Ainsi, insistait à grand renfort de communication, la ministre nouvellement en charge de l’Énergie, 35% des ménages de Flandre pourront bénéficier d’un bon de réduction (kortingbon, ndlr) de 250 euros lors de l’achat d’une machine à laver, d’un séchoir à linge, d’un frigo ou d’un congélateur. Et elle fut entendue au-delà de toute espérance.

Le 17 janvier dernier, soit 15 jours à peine après l’entrée en vigueur de la mesure, 61.000 dossiers avaient déjà été ouverts en ligne et 44.000 bons de réduction été automatiquement accordés. Mal conçu, le système acceptait en effet que plusieurs membres adultes d’un même ménage introduisent une demande pour le même type d’appareil. Nombre de bons ainsi obtenus étant immédiatement remis en vente à prix cassé sur le net, la panique budgétaire était d’autant plus intense que, pour l’ensemble de l’année 2025, à peine 16.000 bons avaient été prévus au budget !

Si 44.000 bons de réduction été automatiquement accordés, le budget 2025 n’en avait prévu que 16.000.

Un nouveau décret, actuellement en préparation, devrait, dès le mois prochain, endiguer ce tsunami. La poule aux œufs d’or sera alors moins féconde. Le système actuellement en place autorise en effet tous les deux ans, une demande par type d’appareil, soit quatre au total. Celui en gestation n’en autorise plus que deux en cinq ans et interdit explicitement plus d’une demande par ménage. L’informatique a d’ailleurs déjà été adaptée à cet effet. Dans la foulée, les sèche-linges, considérés comme moins essentiels dans la vie courante, passeront à la trappe.

La durée de vie des bons actuellement octroyés sera ramenée de deux ans à 45 jours et afin de ralentir immédiatement la demande, les exigences en matière de label des appareils ont été renforcées. Pareil bricolage agace et coûte cher en programmation à modifier.

Dans un avis dûment motivé, la Régulateur flamand du marché de l’électricité et du gaz (VREG), devenu depuis le 1er janvier dernier Régulateur flamand des services publics (Vlaamse Nutsregulator) stigmatise cette “approche irréfléchie” et réclame lors de toute introduction ou modification de primes, – quelle qu’en soit la nature – une analyse coût-bénéfice préalable. 

Guillaume Capron

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