Les Belges plébiscitent l’énergie nucléaire, le gouvernement avance lentement 

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Un sondage commandité par le Forum nucléaire témoigne d’un soutien plus important que jamais à l’atome, tant la prolongation des réacteurs existants que les futurs SMR. Le gouvernement entame un long processus en vue de 2040. Trop long… 

Ce n’est plus de l’amour, c’est de l’adoration. Les Belges sondés, à la demande du Forum nucléaire belge, déclarent leur flamme à l’énergie nucléaire: pas moins de 85% d’entre eux estime qu’elle doit absolument avoir sa place dans le mix de demain. Un chiffre en nette hausse par rapport aux sondages précédents: 30% en 2017, 46% en 2019 et 43% en 2021. 

Un groupe représentatif de 1000 Belges a été sondé par l’agence de sondage Polaris/ AQRate entre le 15 et le 21 septembre. Cette adhésion prend plusieurs formes, concernant tant la prolongation des réacteurs existants que la construction de nouveaux SMR. 

Cela alors que le sujet sera un enjeu majeur pour le scrutin du 9 juin 2024 et que le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo avance ses pions… lentement. 

Toutes les formes de nucléaire 

Prolonger les “vieux” réacteurs doit être une option, dès à présent, pour faire face aux risques qui pèsent sur la sécurité de l’approvisionnement, à court terme. 86% des Belges sondés sont favorables à la prolongation de tous les réacteurs actuels, pour autant que l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) donne son feu vert sur le plan de la sécurité. 80% plaident même pour une prolongation au-delà de dix ans et 75% envisageraient même la relance des deux réacteurs fermés de Tihange 2 et Doel 3, encore une fois avec l’accord de l’AFCN. 

Le futur, lui aussi, doit intégrer le nucléaire. 87% des Belges se déclarent favorables à la construction de petites réacteurs nucléaires modulaires (SMR). “Et pas ceux que le gouvernement actuel envisage au-delà de 2040 ou 4045, précise Serge Dauby, directeur du Forum nucléaire belge. Mais bien ceux qui sont disponibles à partir de 2030 – 2035. 

Une certitude: ce sera un enjeu de la campagne électorale en vue du scrutin de juin 2024. Trois quarts des Belges sondés affirment que le sujet énergétique aura une influence sur l’orientation de leur vote, 15% déclarant même que ce sera “décisif”. 

Les petits pas de la majorité 

En attendant, la majorité fédérale avance à petits pas dans la direction du nucléaire du futur. Un montant de cent millions d’euros avait été débloqué, dans le cadre de l’accord sur la prolongation des deux réacteurs de Doel 4 et Tihange 3, afin que le SCK CEN prépare le terrain en vue de la construction de SMR à l’horizon 2040 – 45 au plus tôt. 

La Belgique entame une coopération avec les USA, la Roumanie et l’Italie pour commercialiser des petits réacteurs nucléaires refroidis au plomb, s’est félicité jeudi le Premier ministre, Alexander De Croo. L’enjeu? Une énergie propre et abordable. Une fois encore, nous sommes au 1er rang dans la lutte contre le réchauffement climatique.” 

Concrètement, précise L’Echo, le “Memorandum of understanding” (MoU) signé a pour vocation de créer un consortium mêlant industrie et recherche afin de démarrer la nouvelle filière eu Europe.  En plus de la Roumanie et de son institut de recherche nucléaire Raten et de la Belgique, représentée ici par le SCK CEN, l’Italie et les États-Unis feront partie de l’aventure, par l’intermédiaire de l’entreprise spécialisée dans l’atome, Ansaldo Nucleare et de l’agence de R&D pour l’ingénierie et l’énergie Enea pour l’un, et via le géant industriel Westinghouse pour l’autre. 

Mais dans le même temps, au parlement, la même Vivaldi peine à s’entendre sur la modification de la loi de 2003 permettant la construction de ces futurs SMR. Le chemin est encore long. 

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