Le thorium, l’avenir de l’énergie nucléaire ? Une découverte majeure en Chine

Des scientifiques chinois annoncent avoir découvert d’immenses gisements de thorium en Mongolie. Il s’agit d’un métal qui peut être utilisé comme combustible dans des réacteurs nucléaires. Cette découverte pourrait alimenter la Chine en énergie pendant plus de 60 000 ans.
La découverte a été révélée par le South China Morning Post. “Alors que le monde cherche des alternatives énergétiques aux combustibles fossiles, la réponse se trouvait peut-être sous nos yeux depuis le début », peut-on lire dans le quotidien chinois.
Une découverte majeure
La quantité de thorium découverte est importante. Selon le rapport cité par le journal, les scientifiques ont identifié 233 zones riches en thorium ces dernières années. Ces réserves pourraient fournir plus d’un million de tonnes de thorium, ce qui suffirait, selon eux, à alimenter toute la Chine en électricité pendant plus de 60 000 ans.
Le thorium : une alternative à l’uranium ?
Le thorium est un métal argenté, malléable et légèrement plus dense que l’uranium. On le trouve souvent dans les roches ignées et les sables à minéraux lourds. C’est un métal radioactif qui, contrairement à l’uranium, n’est pas directement fissile. Son nom proviendrait de « Thor », dieu du tonnerre dans la mythologie nordique, selon l’IAEA. Cependant, lorsqu’il est irradié avec des neutrons, il se transforme en uranium-233, qui peut alors être utilisé pour produire de l’énergie dans un réacteur nucléaire spécialement conçu.
De nombreux avantages
Selon Nathal Severijns, professeur de physique nucléaire à la KU Leuven citée par Het Nieuwsblad, le thorium présente de nombreux avantages par rapport aux réacteurs actuels fonctionnant à l’uranium-235 et -238.
Les réacteurs au thorium produiraient beaucoup moins de déchets radioactifs. Ils génèrent moins de plutonium, un élément hautement radioactif et préoccupant dans le cycle nucléaire. Au niveau sécurité, ils sont conçus pour s’arrêter automatiquement en cas de problème, sans intervention humaine. Une couche de sel congelé sous le réacteur fond avec la chaleur excessive et stoppe le processus. Ce métal est aussi beaucoup plus répandu dans la croûte terrestre que l’uranium, ce qui en fait une ressource plus abondante d’énergie. Il est trois à quatre fois plus présent dans notre environnement que l’uranium, mais peu utilisé dans l’industrie ou pour la production d’électricité, notamment parce qu’il ne s’agit pas d’un combustible nucléaire proprement dit, mais d’un élément permettant d’en créer, peut-on lire sur le site de l’IAEA.
Par ailleurs, le thorium ne peut pas être utilisé aussi facilement pour fabriquer des armes nucléaires, contrairement à l’uranium enrichi ou au plutonium. Cela pourrait réduire les risques associés à la prolifération des armes nucléaires.
Pourquoi le thorium n’est-il pas encore exploité ?
Toutes ces qualités font du thorium une solution idéale. Mais, nous sommes pourtant encore très loin de l’utiliser comme source d’énergie à grande échelle. Pour l’instant, seul la Chine a développé un SMR (Small Modular Reactor), un petit réacteur modulaire expérimental, qui teste la production d’énergie en très petites quantités avec du thorium. Gilbert Eggermont, ex-professeur à la VUB et ex-membre du centre d’étude nucléaire de Mol, explique dans Het Nieuwsblad que le thorium est longtemps resté dans l’ombre de l’uranium, dont les réserves sont encore suffisantes pour au moins 100 ans. Selon lui, une percée majeure du thorium n’aura lieu que si l’uranium vient à manquer.
Un tournant à venir ?
Malgré ses avantages, passer immédiatement au thorium n’est pas envisageable. Cela nécessiterait d’énormes investissements et le développement de nouvelles technologies, bien plus coûteux que les réacteurs nucléaires actuels. Toutefois, Nathal Severijns, professeur de physique nucléaire à la KULeuven, estime que la découverte chinoise est loin d’être anodine. “Elle pourrait donner un coup de pouce au développement des réacteurs au thorium dans d’autres pays », avance-t-elle dans Het Nieuwsblad.
Un réacteur au thorium d’ici 2030 en Chine
La Chine espère ainsi mettre en service un réacteur fonctionnel d’ici 2030. D’autres pays, comme le Japon, la France, les Pays-Bas, le Danemark et le Canada, travaillent également sur des projets liés au thorium. En Europe, un projet de construction d’un grand réacteur au thorium est aussi en cours.
Cependant, beaucoup de recherches et d’essais supplémentaires seront nécessaires avant d’y parvenir. “En Chine, tout va plus vite, car le pays fonctionne avec un système centralisé”, expose Severijns. “Quand le gouvernement décide quelque chose, les fonds sont immédiatement débloqués, ce qui accélère les délais de développement. Mais même eux auront besoin de beaucoup de temps pour maîtriser pleinement ces réacteurs et les rendre optimaux.”
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