“Le pic du pétrole est en vue, les compagnies pétrolières doivent s’adapter ou périr”

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En 2030, le marché du pétrole connaîtra un pic. Par la suite, la demande mondiale devrait chuter, montre un rapport de l’AIE. L’Agence conseille aux compagnies et économies pétrolières de s’adapter à cette tendance et de ne pas approuver de nouveaux projets, au risque de se retrouver avec un énorme surplus sur les bras.

Verrons-nous bientôt la consommation de pétrole diminuer dans le monde ? Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ce serait bel et bien le cas. Le pic serait en vue et devrait être atteint d’ici à 2030, a-t-elle déjà souligné à plusieurs reprises ces deux dernières années.

Elle le confirme dans un nouveau rapport annuel portant sur les perspectives et les tendances du marché du pétrole, appelé sobrement “Oil 2024”, publié ce mercredi. “Le ralentissement de la croissance de la demande et l’augmentation de l’offre placent les marchés pétroliers mondiaux sur la voie d’un excédent majeur au cours de la décennie”, indique le rapport d’emblée.

Dans un premier temps, une hausse de la demande est encore à l’ordre du jour. Notamment à cause des économies asiatiques en pleine croissance, du secteur de l’aviation et de celui de la pétrochimie. Mais petit à petit cet effet sera contrebalancé par “l’augmentation des ventes de voitures électriques, l’amélioration du rendement énergétique des véhicules conventionnels, la diminution de l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité au Moyen-Orient et les changements économiques structurels”, décrit le rapport.

A la fin de la décennie, la demande en pétrole atteindrait ainsi un pic, à 106 millions de barils par jour (puis elle commencerait à baisser d’année en année). A titre de comparaison : en 2023, elle était de 102 millions de barils par jour.

Avertissement à Big Oil : s’adapter et annuler des projets

Selon l’AIE, les compagnies pétrolières et les pays producteurs de pétrole vont ainsi se retrouver avec trop de pétrole et de capacité de production sur les bras. Elle prévoit un surplus de 8 millions de barils par jour en 2030 (soit une offre totale de 114 millions de barils), pour être précis. Et ce n’est pas anodin : “Une capacité excédentaire à de tels niveaux pourrait avoir des conséquences importantes sur les marchés pétroliers, y compris pour les économies productrices de l’OPEP et au-delà, ainsi que pour l’industrie américaine du schiste”, peut-on lire.

Les prix, tout comme les ventes, devraient chuter dans ce scénario, forçant les entreprises à réduire leurs activités, voire à fermer boutique pour certaines d’entre elles.

Le président de l’institution, Fatih Birol, conseille donc aux pétroliers de s’adapter à cette tendance : “Les projections de ce rapport, basées sur les données les plus récentes, montrent qu’un excédent majeur de l’offre apparaîtra au cours de cette décennie, ce qui suggère que les compagnies pétrolières pourraient vouloir s’assurer que leurs stratégies et leurs business plans sont préparés aux changements en cours.”

Selon le rapport, il ne faudrait donc pas lancer de nouveaux projets, et même annuler ceux qui ne sont pas encore approuvés. C’est que les projets déjà approuvés aujourd’hui s’étalent jusqu’à 2030. Ceux-ci seraient suffisants pour couvrir l’évolution de la demande. Mais les entreprises se trouveraient en surcapacité si elles continuent d’approuver des projets supplémentaires (et qui sont déjà plus ou moins planifiés).

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