La mise à l’arrêt du réacteur nucléaire de Tihange 1 le 1er octobre dernier a fait augmenter le prix de gros de l’électricité de 7% en cinq jours. Le MWh est passé de 90€ à 96,45€, selon Comparateur-energie.be. Une première hausse qui pourrait n’être que le début.
La mise à l’arrêt définitive du réacteur nucléaire de Tihange 1 le 1er octobre dernier a provoqué une hausse immédiate de 7% du prix de gros de l’électricité en cinq jours. Le prix unitaire du MWh est passé de 90€ à 96,45€ entre le 1er et le 6 octobre, avant de se stabiliser autour de 95€. Une première secousse qui pourrait annoncer des turbulences durables pour le portefeuille des ménages belges, selon une analyse de Comparateur-energie.be.
Moins de production, plus de consommation: l’équation explosive
Cette année, la fermeture de trois réacteurs supplémentaires laisse craindre une production 2026 en net recul. Dans le même temps, la demande d’électricité continue de croître : +2,7% en 2024 pour atteindre 81 TWh, tirée par l’électrification massive des usages (voitures électriques, pompes à chaleur, chauffages électriques…). Le Green Deal européen accélère cette tendance avec une hausse spectaculaire de 55% des ventes de voitures électriques en un an selon Statbel. Sans offre supplémentaire, la pression sur les prix sera inévitable.
“Notre perte d’autonomie en matière de production d’électricité va nous placer dans une situation de dépendance, et donc de faiblesse, vis-à-vis de nos pays voisins”, analyse Maxime Sonkes, expert en énergie et CEO de Comparateur-energie.be. “Dans un marché libéralisé, lorsqu’une offre se raréfie, le prix augmente toujours. Cette évolution est d’autant plus dommageable que nous étions déjà fortement dépendants des pays exportateurs de gaz naturel. Nous faisons désormais face à une double dépendance.”
Un parc nucléaire en voie d’extinction rapide
D’ici le 1er décembre 2025, avec la fermeture programmée de Doel 2, plus de 70% des centrales nucléaires belges seront définitivement à l’arrêt. Sur les sept réacteurs que comptait le pays, seuls Doel 4 et Tihange 3 resteront en activité jusqu’en 2035. Doel 1 a déjà fermé en février 2025, tandis que Doel 3 et Tihange 2 ont été déconnectés du réseau en 2022 et 2023. Si les énergies renouvelables progressent, elles n’ont aujourd’hui ni la volumétrie ni la constance nécessaires pour compenser cette perte de capacité de production.
De l’exportation à la dépendance: un retournement brutal
Les chiffres illustrent un basculement historique. Entre 2015 et 2021, la production nationale d’électricité avait progressé de 43%. En 2022, la Belgique était même exportatrice nette d’électricité, générant 1,33 milliard d’euros de revenus. Mais depuis la fermeture successive de plusieurs réacteurs, la tendance s’est brutalement inversée. En 2024, les importations nettes d’électricité ont coûté 1,04 milliard d’euros au pays.
Un défi pour les années à venir
“La fermeture de Tihange 1 n’est pas seulement un symbole du débat énergétique belge : elle marque une nouvelle étape concrète de notre perte d’autonomie”, conclut Maxime Sonkes. Sans un renforcement rapide de la capacité de production – qu’elle soit renouvelable, nucléaire ou issue d’autres technologies – le pays restera exposé à une double dépendance électrique et gazière.
Comment limiter la casse sur la facture d’énergie?
Face à cette situation, les consommateurs ne sont pas totalement démunis. Comparateur-energie.be recommande cinq actions concrètes pour limiter l’impact sur la facture :
Comparer régulièrement ses contrats d’énergie. Les promotions réservées aux nouveaux clients peuvent permettre d’économiser jusqu’à 670€ pour un consommateur moyen consommant électricité et gaz.
Améliorer l’isolation du logement. L’investissement dans l’efficacité énergétique reste la solution la plus durable pour réduire sa consommation.
Installer des panneaux solaires si le logement le permet. Le rendement moyen annuel atteint aujourd’hui 13,7%.
Optimiser son système de chauffage en baissant la température d’un degré, en installant un thermostat intelligent et en entretenant régulièrement sa chaudière. Ces gestes permettent d’économiser jusqu’à 15% sur la facture de chauffage.
Adapter sa consommation en éteignant les appareils en veille et en privilégiant les heures creuses.