La Belgique a produit trop d’électricité ? Les grosses industries ont été payées pour consommer plus
La Belgique n’a jamais produit autant d’électricité que lundi dernier. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment, ou du moins pas pour le moment. Voici pourquoi.
Lors du lundi de la Pentecôte, vers midi, l’énergie produite par le soleil et le vent a atteint un record en Belgique, permettant de couvrir l’entièreté de la consommation, selon des chiffres provisoires du gestionnaire de l’infrastructure haute tension, Elia. C’était la première fois que le soleil et le vent suffisent à répondre à la demande d’électricité dans notre pays. On a donc produit plus d’électricité que l’on en a consommé.
Même s’il s’agissait d’un jour férié, cela montre que la transition énergétique s’opère “en vitesse de croisière” selon la ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straeten. “Ce week-end, nous avons eu un aperçu de notre avenir énergétique vert. Plus il y a de vent et de soleil, plus les prix sont bas » toujours selon la ministre. A priori c’est une bonne nouvelle. Mais a priori seulement puisque le système manque encore trop de flexibilité pour que ce soit vraiment le cas. Un surplus d’énergie peut en effet aussi être un problème puisque le réseau belge n’est pas adapté à un tel afflux et ne parvient que peu à absorber ou stocker le surplus. Si une partie importante a été exportée vers les pays voisins, “on a dû faire en sorte qu’il y ait moins de production” précise Elia.
Les gros producteurs sont payés pour consommer
La production renouvelable élevée, combinée à une faible consommation, a entraîné des prix de déséquilibre négatifs de -658 euros par mégawattheure (MWh). Pour rééquilibrer le marché, on a donc payé les gros consommateurs pour consommer de l’électricité. Et outre les prix de déséquilibre, les prix de l’électricité sur le marché de gros ont été extrêmement bon marché ce week-end, avec par moments des prix de -90 euros le MWh. Soit là aussi une vente à perte.
Des éoliennes à l’arrêt alors qu’il y avait du vent
Autre conséquence de cette production record, des éoliennes ont également dû être mises à l’arrêt. “Mettre des éoliennes à l’arrêt quand le vent souffle, c’est le monde à l’envers”, regrette encore la ministre.
Le besoin de flexibilité passera par la construction de parcs de batteries, à même d’absorber les surplus de production et de les restituer en cas de demande. Un avis partagé par le gestionnaire du réseau haute tension Elia : « la mise à l’arrêt d’éoliennes démontre qu’il est important qu’un maximum de consommateurs puisse contribuer de manière flexible à l’équilibre du marché, que ce soit via une pompe à chaleur ou une voiture électrique, et soient également financièrement avantagés quand ils consomment l’électricité au moment où les énergies renouvelables produisent le plus. »
Soit, concrètement, il faut faire en sorte que les citoyens consomment quand il y a beaucoup d’électricité disponible, et en consomment moins ou pas quand il y en a peu.
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