“Attendre l’hiver pour remplir sa cuve à mazout n’arrangera pas grand-chose”

Cuve mazout
Illustration © Getty Images
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’économiste Bernard Keppenne (CBC) explique pourquoi les prix du mazout de chauffage ne baissent pas malgré la période estivale. Rien ne sert d’attendre et de laisser passer l’orage pour faire le plein, selon lui.

Malgré l’arrivée de l’été, les prix du pétrole ont augmenté de 6 % en juin, entraînant chez nous dans leur sillage ceux du mazout de chauffage, qui ne cessent de remonter ces dernières semaines.

Bernard Keppenne

Selon le site spécialisé mazoutonline.be, le prix du mazout de chauffage pour les achats inférieurs à 2.000 litres s’affiche désormais à 0,9672 euro, contre 0,8365 euro le litre le 7 juin dernier.

Pourquoi le prix du mazout ne baisse pas ?

Comme chaque année à la même période, les Américains vont beaucoup circuler. C’est la période des vacances et des voyages d’été aux Etats-Unis, la fameuse driving season, qui se traduit généralement par une augmentation de la demande de carburant. Demande qui sera d’autant plus forte cette année que l’économie américaine continue à bien se porter avec un marché de l’emploi solide, ce qui contribue à ce que les Américains voyagent pour leurs vacances. L’American Automobile Association prévoit une augmentation de 5,2 % de la saison de conduite estivale cette année par rapport à 2023.

C’est la seule raison ?

Non, d’autres facteurs jouent aussi. Outre les pénuries d’approvisionnement potentielles dues aux réductions de la production de l’OPEP+, il y a toujours, même si on en parle moins aujourd’hui, le coût et la durée du transport international qui restent plus élevés, à cause des tensions en mer Rouge et de la démondialisation. A cela s’ajoute l’impact des ouragans sur la production et la consommation de pétrole et de gaz aux Etats-Unis. L’ouragan Beryl se dirige actuellement vers les installations dans le Golfe du Mexique, menaçant la région et la production.

Peut-on espérer un inversement de tendance dans les semaines et les mois qui viennent ?

Pas vraiment. La demande mondiale de pétrole va rester soutenue, y compris cet été. Attendre la fin de la période estivale et des voyages d’été n’arrangera pas grand-chose. Surtout que d’ici là l’arrivée de Trump à la Maison Blanche risque d’accentuer encore les tensions géopolitiques et l’instabilité sur les marchés énergétiques.

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