L’opérateur énergétique a annoncé des dividendes importants destinés à la maison-mère. Marc Lejeune, bourgmestre de Beauraing et député des Engagés, s’indigne: “Cela fait 1000 euros par Belge!”. Il va rencontrer l’entreprise pour demander des explications. Mais au sein du gouvernement, on tempère: “C’est une entreprise privée”.
Marc Lejeune, bourgmestre de Beauraing et député fédéral Engagés, a avalé son café de travers en lisant que l’opérateur énergétique Electrabel allait verser plus de onze milliards de dividendes à sa maison-mère parisienne d’Engie en 2025 et 2026. 6,2 milliards cette année et 5,2 milliards l’an prochain, rien que ça.
“Cela fait 1000 euros par Belge!”, s’exclame-t-il.
“Cela m’interpelle, nous dit-il. D’accord, une entreprise privée fait des bénéfices, tant mieux. Mais verser de tels montants en en France alors que l’on cherche 23 milliards pour le budget fédéral et que l’on réclame des efforts substantiels à la population, cela pose question. Je vais demander des explications aux responsables de l’entreprise.”
“La carotte, pas le bâton”
Un rendez-vous est fixé ce jeudi 5 juin pour un dialogue que le député veut “constructif”. “Je trouve au moins qu’au vu de cette bonne nouvelle, ils pourraient réinvestir chez nous, confie-t-il à Trends Tendances. Nous ne sommes pas au Venezuela, je ne parle évidemment pas de renationaliser, mais j’aimerais comprendre.”
Paul Magnette, président du PS, avait rugi en apprenant la hauteur de ce dividende: “Les multinationales continuent de faire des bénéfices records sur le dos des consommateurs mais ne contribuent pas au budget, ni à l’effort, contrairement aux pensionnés, aux travailleurs, à la classe moyenne… Une justice fiscale à deux vitesses qui s’opère au détriment de la population. Des alternatives sont possibles.”
Une approche plus coercitive s’impose-t-elle? “Nous privilégions la carotte, pas le bâton, rétorque Marc Lejeune. Il s’agit évidemment d’une entreprise privée. Mais les gens payent cher leur électricité, on soutient cela avec un tarif social, c’est un peu lourd de faire une telle annonce.”
“La faute à Tinne”
Au sein du gouvernement, on souligne: “Il ne fallait pas s’attendre à autre chose. C’est la conséquence de l’accord de Tinne Van der Straeten (minisre Groen de l’Energie dans le gouvernement De Croo) sur les déchets nucléaires.” L’accord en question prévoit qu’une somme de 15 milliards est provisionnée par l’opérateur et bloquée sur un compte pour la gestion futur des déchets. Cela a diminué considérablement le risque pour l’opérateur.
“C’est une entreprise privée et le deal est scellé, prolonge notre source. Je ne pense pas que nous ayons un recours.”
Par contre, au sein du gouvernement De Wever, on dit espérer que le gouvernement précédent… aura reçu des chocolats pour cette bonne action.