Le géant français, actionnaire chez nous de Luminus, s’intéresse au sort du nucléaire en Belgique. Avec la perspective de reprendre des réacteurs existants. Mais le Bureau du Plan évoque un horizon bien plus large.
Le géant français EDF se penche sur le sort du nucléaire belge. Il serait en contact pour reprendre des réacteurs existant, actuellement entre les mains d’Engie. Mais il lorgne aussi sur un horizon bien plus ouvert ces prochaines années, après le vote de l’abrogation de la loi sortant du nucléaire.
D’après le média français La Lettre, le directeur du parc nucléaire d’EDF, Cédric Lewandowski, aurait entamé “des discussions avec Engie et l’État belge pour une éventuelle reprise des réacteurs Doel 4 et Tihange 3, dont la durée de vie pourrait être prolongée jusqu’à 2045“.
Le quotidien cite aussi le ministre démissionnaire de l’Énergie français, Marc Ferracci, parmi les acteurs autour de la table.
Selon L’Echo, le cabinet du ministre fédéral de l’Energie, Mathieu Bihet (MR), des contacts seraient bel et bien “en cours”. L’ambition du libéral, qui a obtenu l’abrogation de la loi sur la sortie nucléaire, consoste bel et bien à donner un avenir plus long aux réacteurs existants, tout en planchant sur le nucléaire de l’avenir.
EDF détient déjà, par l’intermédiaire de sa filiale Luminus, une participation de 10% dans Doel 4 et Tihange 3. Le CEO de Luminus, Grégoire Dallemagne, se disait prêt à examiner les options pour de nouveaux projets nucléaires en Belgique, dont une extension de la prolongation des deux unités en question, tant que la rentabilité était au rendez-vous.
L’Etat français réticent
Le scénario évoqué par le quotidien français table sur une reprise des deux réacteurs belges par EDF à partir de 2035.
Le niveau des investissements nécessaires rend toutefois le dossier incertain, selon La Lettre. Notamment l’estimation du coût du démantèlement futur des réacteurs potentiellement repris par EDF reste en grande partie inconnue.
Toujours selon le média en ligne français, l’Agence des participations de l’État, qui représente l’État français, actionnaire à 100% d’EDF, est toutefois hostile au projet. Il ferait peser sur les épaules de l’électricien un risque supplémentaire, alors que celui-ci est déjà engagé dans plusieurs projets financièrement risqués, notamment au Royaume-Uni (Hinkley Point C et Sizewell C) et en France, avec le programme de construction de trois paires de réacteurs EPR2.
Huit centrales nécessaires
L’information est divulguée au moment où l’avenir du nucléaire est plus que jamais évoqué en Belgique. Le Forum nucléaire, qui représente le secteur, a déjà mis quelques scénarios sur la table.
Mais le Bureau du Plan a également tapé sur le clou, au début de cette semaine. L’institut prévoit qu’avec une sortie progressive des énergies fossiles, la consommation d’électricité en Belgique pourrait plusque doubler d’ici 2050.
Si l’augmentation du renouvelable est une évidence, la piste nucléaire s’impose également. S’il s’agit de ne miser que sur le renouvelable, d’importantes importations seront nécessaires.
Pour tenir le rang, pas moins de huit nouvelles centrales pourraient être nécessaires. “Ces nouvelles centrales, dans notre modèle, sont des grandes centrales nucléaires conventionnelles, pas des petits réacteurs modulaires“, avance le Bureau du Plan. Car ces derniers seraient trop coûteux.
Les décisions, précise-t-il, ne devraient pas tarder si l’on veut être dans les temps.