Contrats d’énergie: les pièges cachés derrière les offres alléchantes

Caroline Lallemand

Changer de fournisseur d’énergie peut sembler alléchant, certaines promotions affichent jusqu’à 1.000 euros d’économies la première année. Mais derrière ces ristournes de bienvenue se cachent souvent des conditions restrictives et des coûts imprévus, selon une étude menée par la plateforme de comparaison Peasy.

La quasi-totalité des fournisseurs d’énergie recourent aux primes de bienvenue pour attirer de nouveaux clients. Pour un ménage moyen de quatre personnes (3.500 kWh d’électricité et 20.000 kWh de gaz), les réductions peuvent varier de 750 à 1.000 euros selon le type de contrat. La formule fixe permet même de dépasser le millier d’euros, selon une analyse du comparateur (crédit hypothécaire, énergie, assurance habitation,…) Peasy.

Ces réductions sont souvent composées d’une prime unique et d’un rabais variable par kilowattheure. Mais elles ne concernent généralement que la première année et sont conditionnées à des règles strictes : paiement ponctuel, facturation digitale, domiciliation obligatoire. Un seul retard, même d’un jour, suffit à les faire disparaître.

Pas dans le CREG Scan

Ces promotions abondent sur les plateformes commerciales et les comparateurs privés, mais elles n’apparaissent pas dans le CREG Scan, l’outil du régulateur fédéral belge qui permet de comparer un contrat d’énergie avec les offres les moins chères et les plus chères du marché. Ce dernier n’intègre que les réductions contractualisées et accessibles à tous, pas les campagnes temporaires ni les bons distribués en magasin.

Les consommateurs doivent donc être vigilants ; Un contrat séduisant en vitrine peut se révéler bien plus coûteux une fois la promotion écoulée. D’après Peasy, sans ces ristournes, certains contrats figurent tout en bas des classements et coûtent 200 à 400 euros de plus par an qu’une formule réellement avantageuse.

Des pièges cachés après un an

Le danger principal réside dans la reconduction tacite. « Les contrats avec de fortes réductions ne sont intéressants que la première année », souligne David Geerts de Peasy, cité par De Standaard. « Les familles qui restent ensuite voient leur contrat se renouveler tacitement sans réduction et paient beaucoup plus cher. Les clients fidèles qui ne changent pas chaque année de fournisseur sont donc les grands perdants. Passer d’un fournisseur à l’autre n’est plus un sport, mais une nécessité. » Ce dernier encourage les consommateurs à rester vigilants face aux fluctuations du marché et aux différentes offres.

Des frais élevés de sortie

Autre écueil : la réduction n’est souvent versée qu’après douze mois de fidélité. Le client doit donc avancer le montant de la ristourne et ne la touche qu’après coup, parfois plusieurs mois après la facture annuelle. Pire : certains contrats fixes appliquent des frais de sortie cachés si l’on résilie juste après un an, pouvant atteindre 150 euros.

La Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG) recommande aux consommateurs de comparer régulièrement les offres, mais surtout de bien comprendre leur contrat actuel. « 70 % des clients ignorent le nom exact de leur produit », constate Kurt Hernot, senior advisor à la CREG, interrogé récemment dans nos colonnes. « Ils comparent entre eux les prix affichés dans les simulateurs, mais pas avec leur contrat en cours. Résultat : ils passent d’un contrat cher à un autre contrat cher. » Selon lui, les promotions ne sont pas des ristournes de bienvenue, mais des ristournes de fidélité différées. IL confirme : elles ne rendent le produit intéressant qu’après un an, voire un an et demi. Sans elles, « les produits sont chers ».

Quand et comment changer ?

Le moment idéal pour changer de contrat d’énergie et de fournisseur dépend de la situation de chaque consommateur. Ceux qui ont signé un contrat fixe fin 2022 ou début 2023 paient encore aujourd’hui trois à quatre fois plus que les prix actuels et devraient envisager un changement immédiat. En revanche, près de 200.000 ménages ayant souscrit des contrats fixes longue durée avant la crise énergétique bénéficient encore de tarifs très compétitifs et n’ont aucun intérêt à bouger.

Quant au choix entre fixe et variable, il relève surtout du profil de risque : le fixe sécurise le budget mais reste plus cher, tandis que le variable expose aux fluctuations mais peut être avantageux à court terme, explique la CREG.

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