Chauffage : 40% des Wallons devront abandonner le mazout d’ici 2031

Caroline Lallemand

La ministre wallonne de l’Énergie Cécile Neven a dévoilé vendredi le calendrier de sortie des chaudières au mazout et au charbon en Wallonie. Une décision qui met fin à plusieurs années d’incertitude et concerne près de 40% des ménages wallons encore chauffés au mazout.

Le calendrier de la sortie du mazout en Wallonie est connu. Dès le 1er janvier 2026, une interdiction de placement s’appliquera à tous les bâtiments neufs, résidentiels ou non. Un an plus tard, le 1er janvier 2027, ce sera au tour de tous les bâtiments ayant fait l’objet d’une rénovation profonde et pouvant dès lors être assimilés à du neuf.

Dans le même temps, une interdiction d’installation, de modernisation et de remplacement des chaudières au mazout vaudra dans tous les bâtiments, à condition qu’un réseau de gaz naturel soit disponible. Enfin, dès le 1er janvier 2031, l’interdiction de remplacement s’appliquera à l’ensemble des bâtiments wallons.

Un parc immobilier énergivore

“L’interdiction déjà prévue pour les nouvelles constructions ne représentait qu’une fraction du défi : seulement 3% du parc immobilier wallon se renouvelle chaque année”, souligne Pierre Baijot, CEO de RESOLIA, acteur wallon de la décarbonation du chauffage. “L’annonce d’un calendrier pour le bâti assimilé à du neuf dès janvier 2027 et une interdiction de remplacement en 2031 reste tardive mais permet enfin de s’attaquer au cœur du problème.”

Le mazout émet en moyenne 300 g de CO₂ par kWh, soit trois fois plus qu’une pompe à chaleur. Les émissions liées au chauffage du parc wallon dépassent 4 millions de tonnes de CO₂ par an.

La pression de la taxe carbone européenne

Cette mesure arrive au moment où l’Europe renforce sa pression climatique. Dès 2027, l’ETS2, la taxe carbone européenne sur les combustibles de chauffage, augmentera le prix du mazout de 21% et celui du gaz naturel de 16%. Concrètement, un ménage chauffé au mazout dans une maison mal isolée pourrait voir sa facture grimper de 300 à 550 euros par an.

“Cette décision protège les ménages d’une hausse inévitable des combustibles fossiles”, estime Pierre Baijot. “Elle place la Wallonie dans le mouvement européen en offrant un cadre pour développer des solutions locales et renouvelables.”

Dans le sillage européen

Le nouveau calendrier wallon s’inscrit dans une dynamique européenne. L’Allemagne impose déjà une part minimale d’énergie renouvelable dans chaque nouveau système de chauffage. Les Pays-Bas interdiront le remplacement des chaudières gaz dès 2026 et généralisent les hybrides. La France exclura dès 2026 toutes les chaudières dépassant 300 g CO₂/kWh, ce qui élimine de facto le mazout.

Réforme des aides à la rénovation

Cette annonce s’inscrit dans le cadre plus large de la réforme des aides à la rénovation présentée par Cécile Neven. À partir d’octobre 2026, le système actuel de 120 primes différentes sera remplacé par un mécanisme de prêts bonifiés, réservé aux projets conduisant à un “saut de label” de performance énergétique.

La Région mise sur des solutions alternatives durables : géothermie, riothermie, aquathermie, biomasse ou récupération de chaleur fatale. Pour aider les Wallons à appréhender ces nouvelles dispositions, le gouvernement promet la mise en place d’un “dispositif renforcé d’accompagnement des citoyens”, via des guichets uniques permettant un “appui technique ciblé sur-mesure, en trois niveaux, selon le profil des ménages et les caractéristiques du bâtiment concerné”.

Calendrier de sortie du mazout

Dès le 1er janvier 2026, il sera interdit d’en installer dans tous les bâtiments neufs, résidentiels ou non.
Dès le 1er janvier 2027, une interdiction de remplacement s’appliquera à tous les bâtiments assimilés à du neuf (c’est-à-dire faisant l’objet d’une rénovation dite « de fond », soit d’au moins 75% de l’enveloppe). Dans le même temps, une interdiction d’installation, de modernisation et de remplacement s’appliquera dans tout bâtiment lorsque du gaz naturel est disponible.
Dès le 1er janvier 2031, l’interdiction de remplacement d’une chaudière au mazout ou au charbon s’appliquera à tous les bâtiments.

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