Bruno Colmant: “Lançons un emprunt populaire pour financer la transition énergétique”
L’économiste salue l’idée de nationaliser les centrales nucléaires et va plus loin: ce pourrait être l’occasion de mobiliser l’épargne des Belges pour se donner les moyens d’un grand plan énergétique.
L’économiste Bruno Colmant évoque la “contradiction” au sein de la future Arizona entre la volonté de vendre des fleurons belges et celle de nationaliser les centrales nucléaires. Appuyant cette dernière idée, il va plus loin en lançant l’idée d’un grand emprunt populaire.
Que pensez-vous de céder des participations publiques et de nationaliser les centrales nucléaires?
C’est évidemment contradictoire. A priori, la vente de certaines de nos participations publiques n’est pas une bonne idée car ce serait un ‘one shot’ et ce n’est pas sûr que l’Europe l’accepterait. En outre, le risque est réel que des investisseurs étrangers surpaye pour acquérir une porte d’entrée en Belgique. Je ne pense pas que cela se fera.
En revanche, l’idée de nationaliser les centrales nucléaires est excellente. Cela pourrait s’inscrire dans un grand plan énergétique, avec le lancement d’un emprunt populaire perpétuel pour aider à le financer.
C’est-à-dire?
Des négociations ont eu lieu et devront être complétées avec Engie pour contribuer au coût du démantèlement des centrales, de la gestion des déchets… Mais le coût de cete transition énergétique, avec la construction possible de nouveaux réacteurs, sera colossal. On pourrait lancer un emprunt populaire liée strictement à ce projet.
Cela offrirait une autre possibilité. En France, la nationalisation d’EDF a permis d’octroyer une électricité bon marché tant aux citoyens qu’aux entreprises. Chez nous, on pourrait décider d’octroyer l’énergie nucléaire à prix coûtant à des opérateurs économiques pour doper la compétitivité et offrir des prix réduits aux citoyens pour doper la demande intérieur. On serait gagnant à tous les coups.
C’est ce que le Premier ministre, Alexander De Croo, avait annoncé pour soutenir BASF…
Oui, on pourrait le faire de façon plus large et structurelle. C’est vital quand on sait que l’énergie coûte 50% plus cher chez nous qu’aux Etats-Unis.
Cet emprunt serait une forme de bon d’Etat thématique?
Oui, on pourrait lancer un bon d’Etat avec des conditions fiscales intéressantes, mais une durée de vie longue pour ne pas faire de concurrence aux banques. Ce serait ce que j’appelle un emprunt transgénérationnel, permettant aux familles de créer une rente comme on le faisait auparavant. Ce serait une façon de mobiliser l’épargne des Belges sur un projet à long terme.
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