Bientôt la fin des poêles à bois et cheminées? L’Europe reporte sa décision

Nouvelles normes pour les poêles à bois en 2027
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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Face à la pression de certains pays membres, la Commission européenne a décidé de reporter la présentation d’un projet de loi visant à interdire la vente de poêles et autres appareils de chauffage au bois.

Considérées comme nocives pour la santé et l’environnement, de nombreuses installations de chauffage au bois devaient être interdites dès 2027 en Europe. Mais face aux contestations de certains États membres et à la crainte d’une nouvelle crise économique, la présentation du projet de loi a finalement été reportée par la Commission européenne. Des révisions sont nécessaires. Mais une chose est sûre: l’avenir du chauffage au bois s’assombrit

Interdire le chauffage au bois d’ici 2027?

La Commission européenne travaille actuellement sur une révision de la directive européenne Ecodesign 2022. Un texte qui impose des exigences strictes pour les appareils de chauffage au bois. Son objectif? Améliorer l’efficacité énergétique des appareils de chauffage et réduire les émissions de polluants.

Si cette nouvelle réglementation est adoptée, elle pourrait impacter fortement le marché des poêles à bois et cheminées en Europe. Voici les principales mesures envisagées:

  • Le durcissement des normes environnementales ;
  • Des exigences plus strictes sur les taux d’émission de polluants ;
  • L’obligation d’un rendement énergétique minimum pour les appareils de chauffage au bois ;
  • La révision des critères d’évaluation des appareils de chauffage ;
  • L’interdiction de certains appareils vendus à l’heure actuelle ;

Ces nouvelles mesures, certes strictes, ne visent pas à interdire complètement les poêles à bois en Europe. La Commission souhaite plutôt encourager l’usage d’équipements plus propres, plus performants et plus modernes. Toutefois, certains professionnels du secteur craignent une hausse des prix et une restriction des choix pour les consommateurs.

Le bois, dangereux pour la santé et l’environnement

Les restrictions progressives sur le chauffage au bois ne datent pas d’hier. À Utrecht, aux Pays-Bas, les autorités ont décidé de bannir totalement l’utilisation des poêles à bois et des feux ouverts d’ici 2030. À commencer par les installations dans les nouvelles constructions dès cette année.

Pourquoi ces limitations? Se chauffer au bois peut sembler écologique, mais la combustion de cette ressource émet des polluants atmosphériques nocifs, dont des particules fines (PM2.5, PM10), du monoxyde de carbone (CO) ou des composés organiques volatils (COV). Une exposition prolongée à ces polluants représente un danger à la fois pour l’environnement et pour la santé:

  • la combustion du bois est l’une des principales sources de pollution de l’air intérieur et extérieur dans certaines régions.
  • en plus des émissions de gaz à effet de serre, la combustion du bois contribue à l’acidification des sols et à la pollution des eaux.
  • Ces particules fines peuvent en effet pénétrer dans les yeux et les poumons et être à l’origine de problèmes cardiaques et respiratoires, d’irritations, de cancers…

Des normes trop strictes? La résistance des industriels et des États membres

Pour autant, ce projet de réglementation suscite de vives oppositions au sein de l’Union européenne. Plusieurs pays membres et acteurs du secteur du chauffage dénoncent des normes environnementales trop sévères, qui risquent de rendre les appareils de chauffage au bois inabordables pour de nombreux ménages.

Vers une hausse importante des coûts?

La principale source d’inquiétude? Le risque d’augmentation des coûts, en raison des techniques complexes pour la transformation des systèmes existants, ou la création de nouveaux poêles plus performants.

« Les valeurs limites pour les émissions de particules de suie doivent être réduites de manière si drastique – de 1500 milligrammes à seulement 500 milligrammes – que les poêles deviendront presque inabordables pour la plupart des gens », ont ainsi accusé plusieurs membres de la Commission.

« On priverait ainsi une grande partie de la population de la possibilité d’avoir un feu ouvert dans sa maison. La Commission est-elle en mesure d’accorder aux citoyens de l’UE la liberté et l’indépendance d’utiliser des cheminées et des poêles à bois à l’avenir, comme c’est le cas aujourd’hui? »

Des normes irréalistes? Les craintes des fabricants de poêles à bois

Les industriels du secteur alertent sur les conséquences économiques de ces nouvelles règles. Selon eux, les exigences proposées, dans leur forme actuelle, utiliseraient des normes largement non testées et peu fiables.

Les fabricants redoutent l’entrée en vigueur de ces nouvelles normes, qui leur imposeraient une charge de travail considérable. En effet, il faudrait réaliser de nouveaux tests, recertifier les appareils conformes ou repenser les modèles qui ne le sont pas.

« On a vraiment l’impression que l’idéologie fait obstacle à la science et, franchement, cela met en péril les emplois, la croissance et les conséquences environnementales », a déclaré Raymond Zantinge, président du Comité Européen des Fabricants d’Appareils de Chauffage et de Cuisine Domestiques, au Politico.

Un futur incertain pour le chauffage au bois

Si l’Europe ne semble pas prête à interdire totalement les poêles et cheminées, la tendance est claire: leur usage sera de plus en plus encadré et limité. Entre impératifs environnementaux, enjeux sanitaires et contraintes économiques, la transition vers des modes de chauffage plus propres ne fait que commencer. Reste à savoir si les nouvelles normes parviendront à concilier écologie, accessibilité financière et liberté de choix des consommateurs. Une chose est sûre: le feu de bois, tel qu’on le connaît aujourd’hui, pourrait bien s’éteindre peu à peu…

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