Réunion de l’OPEP: quel impact sur le prix à la pompe ?
L’Arabie Saoudite a annoncé prolonger sa réduction de production de pétrole, jeudi. Ce vendredi, c’est l’OPEP qui se réunit. Quelle décision pourrait prendre le cartel pétrolier, et quelles sont les perspectives pour le marché de l’or noir et surtout pour les prix à la pompe ?
Une bataille qui dure depuis près d’un an maintenant. D’un coté, l’OPEP réduit la production de pétrole pour faire augmenter les prix de l’or noir. De l’autre côté, la demande mondiale est faible et la croissance économique tourne au ralenti, notamment en Europe et en Chine, ce qui tire les prix vers le bas. Après les différentes annonces de réduction de la part de l’OPEP, de la Russie (même s’il y a des doutes que Moscou ait vraiment réduit sa production) et de l’Arabie Saoudite, les prix sont partis en hausse, mais sont généralement vite redescendus.
Mais depuis fin juin, le cours est en hausse. Le WTI et le Brent ont gagné respectivement 20 et 17%. Et la hausse du prix du baril de brut pourrait bien continuer. Ce jeudi après-midi, l’Arabie Saoudite a annoncé prolonger sa baisse de production unilatérale d’un million de barils par jour une nouvelle fois, jusque fin septembre. Riyad ajoute, dans la foulée, que cette réduction pourrait aussi être approfondie. a Russie a suivi ce vendredi, avec une baisse de 300.000 barils par jour dès septembre.
Un avant-goût pour la réunion de l’OPEP ? Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole se réunissent ce vendredi. Les observateurs ne s’attendent pas à une nouvelle coupe, mais les précédentes n’étaient pas attendues non plus. Taper sur le clou pour encore plus gonfler le prix, ou laisser faire, maintenant qu’il augmente “enfin” tout seul en fonction de l’offre (réduite) et de la demande ? Voilà une des questions qui pourraient être sur la table.
Quel prix à la pompe ?
Le prix du pétrole brut qui augmente a un impact sur le prix à la pompe. Ainsi, le prix du diesel et de l’essence a augmenté plusieurs fois en juillet, de 20 cents environ, en tout. Mais il pourrait être arrivé en fin de course. C’est ce qu’explique Olivier Neirynck, directeur technique de la Fédération belge des négociants en combustibles et carburants (Brafco), à L’Écho.
Il indique que les prix ne devraient pas atteindre les niveaux du début de la guerre en Ukraine (ils dépassaient alors bien les deux euros). Il s’attend même à ce que le prix du litre de diesel (1,90 euro aujourd’hui) redescende à entre 1,70 et 1,75 euro en septembre. Le prix du baril brut trop élevé serait néfaste pour les pays producteurs. En effet, on observe alors souvent ce qu’on appelle de la destruction de la demande : les acheteurs réduisent massivement leur consommation. L’expert s’attend donc à ce que l’OPEP essaie de garder le baril aux alentours de 80 à 85 dollars (comme c’est le cas à l’heure d’écrire ces lignes).
Mais cette limite à laquelle le prix commence à détruire la demande n’est pas vraiment fixe : selon d’autres, les pays membres du cartel pétrolier viseraient plutôt jusqu’à 100 dollars le baril.
Marché du pétrole : perspectives
Reste à voir quelle sera la réponse de l’OPEP, si les prix continuent d’augmenter. Plus tôt cette année, différents experts, comme Fatih Birol de l’Agence internationale de l’énergie, Helima Croft de la banque RBC et Jeff Curie de la banque Goldman Sachs, s’attendaient à un déséquilibre entre l’offre et la demande, en ce second semestre. C’est-à-dire que la demande dépasserait l’offre, et que les prix augmenteraient (sur le marché de gros comme à la pompe). En même temps, l’OPEP indiquait qu’elle ne reverrait pas ses quotas à la hausse cette année – ce qui pousserait aussi les prix vers le haut.
Le grand point d’interrogation sera alors les États-Unis. Son économie résiste pour l’instant, avec un taux de croissance de 2,4% au deuxième trimestre. Ce qui se traduit par une forte demande de pétrole, et qui contribue à pousser les prix vers le haut. Mais entre Riyad et Washington, les relations ne sont pas des plus cordiales – il ne faudrait pas s’attendre à un coup de pouce de l’OPEP, du moins juste pour les États-Unis. Mais finalement, l’économie de l’Oncle Sam pourrait connaître un ralentissement ou une contraction plus tard cette année, ce qui pèserait sur les prix du pétrole, surtout que l’Europe et la Chine tournent aussi au ralenti.
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