Von der Leyen propose un ancien de  Shell et McKinsey comme commissaire européen au Climat

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé mardi de confier le portefeuille du Climat à l’actuel ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra, un nom qui suscite toutefois des inquiétudes quant aux ambitions environnementales de l’UE.

La candidature de ce chrétien-démocrate de 47 ans au poste de commissaire européen chargé de l’action pour le climat, doit encore être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres.

S’il franchit cet obstacle, il remplacera son compatriote Frans Timmermans, architecte de l’ambitieux Pacte vert de l’UE. Ce dernier a démissionné il y a une semaine pour mener la liste sociale-démocrate/verte pour les élections anticipées aux Pays-Bas à l’automne.

Ancien ministre des Finances, Wopke Hoekstra a dans son curriculum vitae un passage de plusieurs années chez le géant du pétrole Shell et le cabinet de conseil McKinsey. Mais aussi une longue carrière politique à La Haye marquée par une série de querelles avec des pays du sud de l’Europe et la France.

“Une expérience professionnelle pertinente pour ce poste”

“M. Hoekstra a fait preuve d’une grande motivation pour le poste et d’un grand engagement envers l’Union européenne. Il possède également une expérience professionnelle pertinente pour ce poste”, a déclaré Mme von der Leyen après s’être entretenue avec le Néerlandais au Berlaymont, siège de l’exécutif européen.

S’il est nommé, Wopke Hoekstra travaillera sous la supervision du Slovaque Maros Sefcovic, vice-président exécutif de la Commission désormais chargé de la mise en oeuvre du Pacte vert, en plus des relations interinstitutionnelles et de la prospective.

“Son expérience gouvernementale sera un atout majeur, en particulier pour la diplomatie climatique de l’Europe dans la perspective de la COP28” qui se tiendra en novembre-décembre à Dubaï, a commenté Ursula von der Leyen.

“Pas fait pour ce poste”

Pour l’eurodéputé français Pascal Canfin (Renew Europe, centristes et libéraux), la nomination de M. Hoekstra “n’est pas chose faite,  puisqu’elle doit être confirmée par une majorité des 2/3 des coordinateurs de la commission de l’environnement” — dont il est le président.

“La lutte contre le changement climatique a été au cœur de l’action de l’Union européenne ces dernières années et doit le rester. M. Hoekstra devra prouver qu’il est l’homme de la situation pour maintenir ce haut niveau d’ambition”, a-t-il averti.

Le groupe des Socialistes et démocrates (S&D), famille politique de M. Timmermans, a promis une “audition difficile” à M. Hoekstra au Parlement européen.

De son côté, la directrice de Friends of the Earth Europe, Jagoda Munic, a estimé que “Wopke Hoekstra n’a aucun antécédent en matière de défense du climat”, et “n’est pas fait pour ce poste”.

“Nommer un ancien employé de Shell pour diriger la politique climatique de l’Europe alors que nous traversons une crise climatique déclenchée par l’industrie des combustibles fossiles est un message affligeant”, a-t-elle jugé dans une déclaration transmise à l’AFP.

“Ambitions inchangées” 

Le paquet législatif du Pacte vert a fait face à des résistances croissantes, certains Etats et des eurodéputés de droite réclamant une “pause” dans les législations environnementales. 

Mais le vice-président Maros Sefcovic désormais chargé de sa coordination a assuré que les ambitions de la Commission étaient “inchangées” et ne seraient “pas diluées”.

L’UE s’est fixé pour objectif de réduire de 55% d’ici 2030 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Le Slovaque espère voir les dossiers encore en discussion (comme la “loi de restauration de la nature” ou le texte sur les pesticides) adoptés avant la fin du mandat de la Commission en 2024, a-t-il indiqué lors d’une rencontre avec des journalistes.

Mais il a aussi promis d'”intensifier la communication avec les citoyens et avec l’industrie” dans la mise en oeuvre concrète de ce plan, pour leur permettre notamment d’accéder à des financements et s’assurer que “personne ne soit laissé de côté”.

“Il s’agit de créer des emplois, de produire de la croissance, d’envoyer le signal que nous nous battons pour notre industrie et que nous voulons qu’elle soit leader sur le plan mondial en matière de technologies vertes, de technologies propres”, a-t-il dit.

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