Les relations entre Washington et Pékin peuvent-elles se réchauffer pour faire face au changement climatique ?
Le réchauffement climatique, une “menace pour l’humanité”, exige “une nouvelle définition de la coopération” entre la Chine et les Etats-Unis, a plaidé mardi à Pékin l’émissaire américain pour le climat John Kerry.
Arrivé dimanche en Chine, Kerry a rencontré mardi le plus haut responsable chinois pour la diplomatie, Wang Yi, alors que les deux principaux pollueurs de la planète tentent de renouer le dialogue, après plusieurs mois de refroidissement diplomatique.
Les deux hommes se sont serré la main et ont échangé quelques mots avant d’entamer une réunion au Palais du peuple, un imposant bâtiment qui domine la place Tiananmen.
“Vous êtes notre vieil ami”, a déclaré Wang Yi à John Kerry, qui bénéficie d’une relation plutôt cordiale et ininterrompue avec la Chine.
Ancien secrétaire d’Etat, l’émissaire américain effectue son troisième voyage à Pékin depuis sa prise de fonction en 2021.
“Le climat, vous le savez, est un problème mondial, pas un problème bilatéral. C’est une menace pour l’humanité”, dit Kerry à son interlocuteur, au moment où certaines régions de l’hémisphère nord traversent un épisode de températures extrêmes.
John Kerry, dont le déplacement à Pékin s’achève mercredi, a appelé à une “action urgente” en matière de climat entre la Chine et les Etats-Unis, les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.
“Résoudre les différends”
“Nous (Américains) espérons que cette rencontre marquera le début d’une nouvelle définition de la coopération (en matière de climat) et de la capacité à résoudre les différends qui nous opposent”, a insisté John Kerry.
“La coopération sur le changement climatique progresse entre la Chine et les Etats-Unis, et nous avons donc besoin du soutien conjoint des peuples des deux pays”, a pour sa part affirmé Wang Yi.
“Il faut une relation saine, stable et durable entre la Chine et les Etats-Unis”, a-t-il cependant mis en garde.
John Kerry a ensuite été reçu par le Premier ministre chinois, Li Qiang.
“Tous les pays du monde, y compris la Chine et les Etats-Unis, doivent renforcer la coopération, former un consensus, et accélérer les réponses” face au changement climatique, a souligné Qiang, deuxième personnage de l’Etat en Chine.
“Nous pouvons maintenant, je l’espère, faire des progrès d’ici à la réunion de décembre aux Emirats arabes unis de la COP28”, lui a assuré John Kerry, en référence à la prochaine conférence de l’ONU sur le climat à Dubaï.
Travailler ensemble
Lundi, John Kerry s’était entretenu pendant quatre heures avec son homologue chinois Xie Zhenhua, selon la télévision d’Etat CCTV.
Washington et Pékin “doivent prendre des mesures urgentes sur un certain nombre de fronts, en particulier en ce qui concerne la pollution par le charbon et le méthane”, avait ensuite souligné sur Twitter l’émissaire américain.
“La crise climatique exige que les deux plus grandes économies du monde travaillent ensemble pour limiter le réchauffement de la Terre”, a-t-il ajouté.
Le dialogue sur le climat avait été interrompu il y a près d’un an : la Chine l’avait suspendu pour protester contre le déplacement à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis.
L’ambiance semble désormais à la reprise des échanges, même si Washington veut afficher sa fermeté dans ce domaine.
Les visites en Chine de hauts responsables américains se multiplient ces derniers mois pour réchauffer les relations diplomatiques: le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken y est allé en juin, puis la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen début juillet.
Le déplacement de M. Kerry dans ce pays survient au moment où l’impact du changement climatique se fait particulièrement sentir sur la planète, avec des vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde y compris en Chine.
Un record de température pour une mi-juillet a ainsi été franchi dans la région semi-désertique du Xinjiang (ouest) avec 52,2°C enregistrés dimanche.