“Les limites de la planète atteintes, une transition juste s’impose d’urgence”
Une étude internationale de référence témoigne de la gravité de la situation: climat, biodiversité, eau douce, pollution des sols… Marek Hudon, président du Haut Comité pour une transition juste, nous dit en quoi ce signal d’alarme résonne fortement.
Marek Hudon, professeur à Solvay, est également le président du Haut Comité fédéral pour une Transition juste. Une étude internationale publiée mercredi soir dans la revue Nature par une quarantaine de chercheurs de haut niveau témoigne, à ses yeux, d’un nouveau tournant: selon ses conclusions, les limites de la planète sont dépassées à bien des niveaux. “Pour la première fois, une étude met le doigt sur la nécessité de justice sociale”, souligne-t-il. Voici pourquoi ce nouveau rapport est davantage qu’un signal d’alarme supplémentaire.
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En quoi cette étude publiée dans Nature est-elle importante?
Cette équipe de quarante chercheurs, c’est la référence absolue au niveau international. Elle met en commun les savoirs de spécialistes de tous les domaines des sciences de la terre et met le doigt sur l’interdépendance entre le principaux paramètres qui ne cessent de se dégrader: climat, biodiversité eau douce, pollution des sols… Leurs travaux sont reconnus pour connaître les points de bascule dans ces différents domaines. Ce qui est nouveau dans cette étude-ci, c’est qu’ils insistent sur la nécessité d’une transition juste.
Ils appellent à une “transformation sans délai”, mais en veillant à protéger certaines populations?
Dans deux cas, plus particulièrement, la question climatique et celle de la pollution par les aérosols, la dimension sociale est plus pregnante encore. Des populations vont faire l’expérience de catastrophes et des ruptures, avant que le système planétaire ne soit déstabilisé. On l’a vu encore récemment avec les inondations en Italie. Pour faire face à cette évolution, la transformation doit être systémique, intersectorielle: énergie, alimentation, gestion des sols…
Cela illustre que la question climatique et celle de la bodiversité sont liées: on ne peut pas faire une “pause”?
Les chercheurs analysent huit domaines de façon individuelle: pour sept d’entre eux, les limites de la planète sont dépassées. C’est le cas pour le climat, où l’on se dirige vers un réchauffement supérieur à 1,5°, et la biodiversité. D’autres études témoignent du lien entre ces questions, bien sûr.
Comment faire en sorte que cette transition soit “juste”?
Nous venons de publier une étude sur la perception des acteurs belges à ce sujet, en vue de notre rapport annuel qui sera publié à la rentrée. Cela met en évidence quatre éléments. Le premier, partagé par tous: cette transition doit être paticipative. Certains mettent l’accent sur son caractère global et la nécessité de redistributions. Il est question aussi de la nécessité de réaffectation de ceux qui perdent leur travail. Un accent est mis également sur la responsabilité particulière de l’Etat. Enfin, il y a tout l’enjeu de la sécurité d’approvisionnement pour les entreprises et leur caractère compétitif. Cette enquête internationale met en évidence l’importance de cette réflexion.
Cette transformation doit s’opérer “sans délai”?
Voilà. Et pour l’instant, l’action est insuffisante.
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