Vu de Flandre

Gestion des déchets: le pot de yaourt, star des frigos, enfin recyclée ?

Que deviendront les milliards de pots de yaourt usagés qui encombrent nos poubelles ? D’autres pots de yaourt, du moins si l’usine-pilote d’Anvers parvient à faire école.

Facile à mettre en œuvre, le polystyrène est le roi des emballages alimentaires et la star des réfrigérateurs. Rarissimes en effet sont ceux qui ne contiennent pas quelques pots de yaourt ou de desserts lactés. Produits par milliards, ces derniers restent toutefois difficilement recyclables et, dès lors, agaçants au point de se trouver légalement menacés dans leur existence. Chez nos voisins français, la Loi Climat votée en 2021 prévoyait en effet l’interdiction, au 1er janvier de cette année, de “tout emballage constitué pour tout ou partie de polymères ou de copolymères styréniques, non recyclables”.

Un vent de panique se mit à souffler. Avec 85.000 tonnes d’emballages alimentaires de ce type annuellement produits et marginalement recyclés en pots de fleurs, parechocs de voitures ou cintres de vêtements, les professionnels du secteur se sentaient mal. Un intense lobbying obtiendra l’annulation de cette mesure. Le boulet, toutefois, était passé suffisamment près pour (re)lancer les recherches, mais sans grand enthousiasme.

La principale composante du polystyrène est en effet l’air, incorporé pour ses propriétés isolantes.

En 2022, CITEO, association à qui 28.000 entreprises françaises ont confié le soin d’organiser la fin de vie de leurs emballages et papiers, lançait un appel d’offres pour le recyclage des emballages en polystyrène qui, dans ce pays, atterrissent dans un bac jaune. Les projets français n’ayant pas été retenus, le choix se porta sur Indaver, qui vient d’inaugurer à Anvers la première usine européenne capable de recycler le polystyrène en boucle fermée.

Une sorte de mouvement perpétuel

C’est Plastic2Chemicals (P2C) qui, utilisant une technologie de dépolymérisation thermique développée par Indaver, décompose les plastiques en leurs monomères d’origine. Leur qualité étant identique à celle de la matière vierge, il devient ainsi possible de fabriquer de nouveaux pots de yaourt à partir d’anciens. Le mouvement perpétuel, en quelque sorte.

Bien que prometteur, le polystyrène recyclé n’en reste pas moins plus cher que son homologue fossile.

Constituée dans les années 1980 pour traiter les déchets dangereux du port d’Anvers, Indaver, alors propriété néerlandaise, avait été repérée en 2015 par Fernand Huts, patron de Katoen Natie, qui souhaitait faire du traitement des déchets le second pilier de son groupe, le premier étant la logistique. C’est dans ce cadre qu’a été construite l’usine-pilote d’Anvers dont les installations, d’une capacité de 26.000 tonnes par an, peuvent également transformer les polyoléfines en polyéthylène et polypropylène. La construction d’une deuxième ligne de dépolymérisation est toutefois prévue afin que chaque type de déchet ait la sienne. Cette montée en puissance devrait en outre permettre de clarifier les flux financiers.

Bien que prometteur, le polystyrène recyclé n’en reste pas moins plus cher que son homologue fossile. Même si, à Willebroek, Indaver possède en ce domaine des installations remarquables, une partie importante des coûts reste engloutie par la collecte, le tri, le lavage et le fractionnement des déchets.

Guillaume Capron

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