Eric Domb : « Pairi Daiza, un endroit à l’abri des tristesses de l’existence »
Le CEO du parc animalier explique de façon très inspirante son parcours, la raison pour laquelle Pairi Daiza illustre la face lumineuse de la planète à l’heure des combats existentiels. Et une source d’action concrète face aux « héros faciles » de l’indignation.
Eric Domb, CEO de Pairi Daiza, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. C’est l’occasion de partir à la découverte d’un parc animalier devenue une référence et un succès économique. D’être à l’écoute d’une aventure personnelle inspirante, aussi, ainsi que d’un modèle à l’heure où le climat et nos écosystèmes sont en danger.
« Un lieu de beauté et d’amour »
Quand cette idée de créer le parc a germé, il y a une trentaine d’années, l’a-t-on pris pour un doux rêveur ? « Oui, ou un imbécile, sourit-il d’emblée, avec cette sérénité qui ne le quitte pas. Il y avait un peu de moquerie par rapport à une catastrophe qui était très prévisible. Heureusement, j’étais tellement obnubilé par ce projet que je n’écoutais pas les voix qui, autour de moi, me disait que ce projet n’avait aucune chance de réussite. »
Ce projet de Paradisio, devenue Pairi Daiza, c’est avant tout une question de survie pour le jeune Eric Domb, qui a vécu une enfance triste dans une famille « très durement touchée par la Seconde guerre mondiale ». « J’ai cherché ma voie pendant tout un temps, en ayant au fond de moi ce désespoir lié à ce passé. Un jour, quelqu’un m’a présenté un site en bonne partie à l’abandon, d’une ancienne abbaye qui était un peu le château de la Belle au bois dormant. Là, je suis né pour la deuxième fois, j’ai senti que je pouvais créer un jardin extraordinaire, qui était en quelque sorte mon image du paradis. Même si les débuts ont été difficiles, ce parc m’a réellement sauvé. Il m’a rendu conscient qu’avec toute une série d’amis autour de moi, je pouvais changer un certain nombre de choses. »
Cette image du paradis est devenu un imaginaire, « un endroit où l’on peut retrouver le bonheur, où l’on se trouve à l’abri des tristesses de l’existence ». « Au fur et à mesure que j’avançais dans ce projet, je me suis rendu compte que l’immense majorité des gens se posent les mêmes questions que moi et essaient de s’échapper du quotidien en se retrouvant dans un lieu de beauté, d’émerveillement et d’amour des animaux. Depuis la nuit des temps, nos ancêtres se sont éloignés de la nature et cet éloignement a été tragique, qui se traduit par les catastrophes environnementales et les changements climatiques. »
« Un lieu d’utilité publique »
Pairi Daiza, c’est un rappel à l’ordre, pour nous tous. « La disparition des habitats naturels est la cause la plus gravissime de la disparition de la vie sur terre, explique Eric Domb. C’est l’effet de la distance tragique entre les hommes et les animaux. Mais il y a aussi la distance lumineuse. » Pour combler cela, l’homme est parti à la quête de sens. « C’est pour cela que Pairi Daiza est un lieu de culture, parce que la culture, c’est la nature de l’homme. »
Ce parc animalier est, aussi un projet entrepreneurial, une réussite économique. « Bien sûr, sourit-il. Le parc a ouvert en 1994. Et en 1995, j’ai été voir un homme politique important pour lui dire que le rêve de Paradisio n’était pas le rêve d’une entreprise privée, mais c’est un rêve universel. J’ai été obligé de créer une société commerciale parce qu’il fallait bien convaincre mes banquiers. Mais c’est fondamentalement un lieu d’utilité publique. » L’homme politique en question n’a pas rebondit sur l’idée et Pairi Daiza a suivi son beau cours pour devenir une entreprise florissante.
Eric Domb évoque encore longuement l’importance de la préservation de la biodiversité, il raconte comment Pairi Daiza est devenu le plus grand producteur d’énergie verte pour subvenir à ses besoins et il conclut un discours très inspirant à ne pas manquer, comme suit : « La question est de savoir comment, sans faire de déclaration tonitruante, on peut essayer d’agir à notre modeste manière en étant le plus exemplaire possible. Je préfère que nos réalisations soient tonitruantes et qu’elles parlent d’elles-mêmes. J’espère beaucoup de nous, notre communauté, notre entourage, nous pouvons faire mieux. Nous devons avant tout balayer devant notre porte. Dans notre entreprise, il y a encore de gros progrès à accomplir et cela nous remplit de joie de faire ce travail-là. Nous croyons davantage dans l’exemplarité que dans les formules déclaratives qui ne vous coûte rien et qui vous font de vous des héros faciles. La manière la plus simple de devenir un héros, c’est de vous indigner. Quand vous dénoncez une situation, c’est comme si vous apportiez une solution, alors que vous n’en apporter aucune. Moi, je préfère voir de mes propres yeux les résultats de ce que nous réalisons. »
Une magnifique source d’inspiration.
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