“Beaucoup de consommateurs en ont marre de stresser devant les rayons des magasins, de peur de s’empoisonner”, souligne la coprésidente, Marie Lecocq, qui épingle aussi le “ras-le-bol” de certains agriculteurs. L’autre co-président, Samuel Cogolati, fustige le discours libéral sur la pause environnementale. Et veut faire du monde économique un allié.
Plus de deux millions de signatures et un débat de haute volée dans les médias: la pétition lancée contre la loi Duplomb, en France, fait grand bruit. Elle réclame l’abrogation de cette loi qui permet de réintroduire l’acétamipride, un insecticide principalement utilisé sur les betteraves ou les noisettes.
En Belgique, l’acétamipride reste autorisé et des agriculteurs s’expriment sur la nécessité de son emploi en alternance avec d’autres produits, notamment pour garantir la production importante de betteraves dans la région de Tirlemont.
Ecolo compte toutefois bien demander l’interdiction de ces “pesticides dangereux” et lance une pétition en ce sens. En surfant sur la vague française.
“Empoisonnement massif”
“Beaucoup de consommateurs en ont marre de stresser devant les rayons des magasins, de peur de s’empoisonner”, explique à La Libre Marie Lecocq, coprésidente d’Écolo. “On remarque aussi un ras-le-bol des agriculteurs ; beaucoup aimeraient se passer des pesticides mais il y a un manque d’accompagnement.”
L’objectif de cette pétition vise “rassembler les citoyens, les agriculteurs et les spécialistes autour de la question des pesticides”, détaille Marie Lecocq. Elle entend s’attaquer à l’ensemble des pesticides “dangereux” et pas seulement à celui concerné par la loi Duplomb, en France. “Nous voulons montrer au gouvernement wallon et à la majorité MR-Engagés qu’il existe un soutien populaire autour de cette question. Des gens qui veulent se battre pour une nourriture de qualité, sûre et qui respecte l’environnement”, ajoute-t-elle.
Cela fait suite à une lettre envoyée à la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq (MR), dénonçant un “empoisonnement massif de la population”.
D’après les derniers chiffres de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, datant de 2023, la Belgique est le quatrième pays de l’Union européenne qui utilise le plus de pesticides, par hectare de culture, rappelle La Libre.
“Un double naufrage”
L’autre coprésident d’Ecolo, Samuel Cogolati, s’emporte, lui, sur les volontés de “pause climatique” exprimées par les libéraux francophones.
“Pendant que l’Europe suffoque sous des vagues de chaleur de plus en plus longues. Pendant que nos agriculteurs crient à l’aide face aux sécheresses. Voilà que ce gouvernement ose dire : stop au climat. Surtout, ‘continuons comme avant’…, dénonce-t-il dans un message publié sur les réseaux sociaux. Mais ‘comme avant’, c’est quoi? C’est une industrie européenne graduellement délocalisée en Chine. C’est une dépendance toxique au gaz russe, au pétrole qatari. C’est un double naufrage, climatique et économique.”
Il ajoute: “Je ne pense pas que l’heure soit à la pause. Elle est au contraire au courage, à l’alliance avec toutes ces entreprises qui avancent pendant que nos politiques reculent. (…) Il est urgent d’oser défendre une vision positive, avant-gardiste, innovante pour nos entreprises belges : investir dans la rénovation massive des logements, soutenir nos PME engagées dans la transition, réserver nos marchés publics aux entreprises européennes (un Buy European Act), et instaurer un protectionnisme vert pour défendre nos emplois face à la concurrence déloyale de la Chine ou de l’Inde.”
Ecolo veut rebondir et prône une alternative. En faisant des entreprises des alliées.