COP30 à Belém: “Le sommet climatique le plus important depuis cinq ans”

Le 10 novembre débute la trentième édition de la conférence climatique annuelle de l’ONU dans la ville brésilienne de Belém, à l’embouchure de l’Amazone. Ce sera le sommet le plus important depuis des années, avec la mise à jour quinquennale des plans climatiques par pays, et une attention particulière à la lutte contre la déforestation et à la recherche toujours difficile de financements.

Les conséquences du réchauffement climatique traversent les frontières et concernent tous les pays. Les Nations Unies (ONU) organisent depuis les années nonante une conférence climatique annuelle. Elle découle de l’accord climatique que l’ONU a conclu en 1992. Une telle conférence climatique s’appelle Conference of the Parties (COP). Comme il s’agit cette année du trentième sommet, on parle de COP30. Il y a dix ans, les négociations lors de la COP21 à Paris ont abouti à l’un des accords les plus importants de ce siècle.

Pourquoi tout le monde attend-il les nouveaux plans nationaux ?

L’accord climatique de Paris a établi que nous mettrions tout en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré ou le maintenir certainement en dessous de 2 degrés. À partir de 1,5 degré, nous risquons d’atteindre des ‘points de bascule’, des changements irréversibles dans la nature, avec de lourdes conséquences comme la fonte des calottes glaciaires ou la disparition des récifs coralliens. Tous les cinq ans, les plans nationaux (NDC) sont actualisés. Ils contiennent les objectifs des pays pour devenir climatiquement neutres. Si l’on additionne tous ces plans, on voit donc jusqu’à combien de degrés le monde veut limiter le réchauffement. Les pays signataires – 198 au total, bien que les États-Unis s’en soient retirés – devaient soumettre leurs nouveaux plans avant le début de la COP30 à Belém.

“Avec la génération actuelle de promesses climatiques (les plans d’il y a cinq ans, ndlr), nous arrivons à 2,4 degrés de réchauffement”, dit le climatologue et professeur à la VUB Wim Thiery. “Mais parce que tout ce qui est promis dans les plans n’est pas exécuté, nous nous dirigeons vers 3 degrés.”

‘Un fonds mondial permanent peut être un game-changer pour lutter contre la déforestation’

Les États membres de l’UE comme la Belgique ne font pas de plan séparé. L’Union européenne soumet un plan commun. L’année dernière, l’Union européenne a revu ses ambitions à la baisse en matière de neutralité climatique, tandis que la Chine accélère justement. “Ce qui figure dans ces plans nationaux est très important”, dit Wim Thiery. “Ce sera le sommet climatique le plus important depuis cinq ans.”

Qu’est-ce que la Tropical Forest Forever Facility ?

Le sommet se déroule à Belém. Cette ville à l’embouchure de l’Amazone n’est en fait pas adaptée pour accueillir un si grand sommet. Mais, c’est un choix délibéré du gouvernement brésilien. Il veut accorder beaucoup d’attention à la protection de la forêt amazonienne et d’autres forêts tropicales. Il crée donc un nouveau fonds pour protéger les forêts tropicales dans le monde entier. “Cette Tropical Forest Forever Facility (TFFF, prononcez ‘T triple F’, ndlr) sera très importante lors de cette COP”, dit Koen Stuyck, policy officer finance & economy à l’organisation de protection de la nature WWF Belgium. “Un tel fonds mondial permanent peut être un game-changer pour lutter contre la déforestation.”

Stuyck explique que la Belgique est également partie prenante. “Si au Brésil on coupe des forêts pour cultiver du soja pour notre production de viande, nous y sommes aussi pour quelque chose. Il est donc important d’ancrer la transformation de notre système alimentaire dans les textes. On peut par exemple prendre des mesures pour ne plus importer de soja provenant de zones déboisées dans notre pays. Le Brésil a beaucoup de terres en jachère. Mais, il est souvent moins cher de déboiser de nouveaux terrains que de remettre en usage ces terres épuisées.”

Bon espoir

Koen Stuyck a bon espoir que la présidence brésilienne travaillera vers un solide programme dédié à la nature. “Ces dernières années, il y a aussi eu un mouvement vers plus de synergie entre la conférence climatique et la conférence sur la biodiversité de l’ONU. La biodiversité et la nature d’un côté, et le climat de l’autre, sont les deux faces d’une même médaille. La nature est notre plus grande alliée pour affronter la crise climatique.”

L’avenir le moins cher est celui où nous limitons le réchauffement à 1,5 degré et où nous y investissons massivement.

Mais cela nécessite beaucoup d’argent – des moyens que les pays du sud global ont souvent moins. Cette année aussi, outre le nouveau fonds TFFF, il sera souvent question de financement. Les 100 milliards de dollars par an promis – une combinaison d’argent public et privé – qui coulent du nord riche vers le sud plus pauvre, ont été portés à 300 milliards. “En fait, cela revient à un ajustement à l’inflation”, dit Koen Stuyck. “Il en faudra encore beaucoup plus. Si ces pays ont les moyens nécessaires pour opérer leur transition – en sautant par exemple l’étape des investissements dans les énergies fossiles pour se tourner directement vers les renouvelables – de nouveaux courants d’échanges commerciaux s’ouvriront. On peut y produire de l’hydrogène vert. De nombreux pays du sud ont par exemple beaucoup de potentiel pour l’énergie solaire qu’on peut utiliser à cette fin.”

Quel est le plus grand obstacle pour atteindre l’objectif climatique de Paris ?

Le nœud du problème se situe au niveau politique, estiment tant Wim Thiery que Koen Stuyck. “Les technologies comme les panneaux solaires, les éoliennes, les pompes à chaleur ou l’isolation existent, mais la politique ne suit pas suffisamment”, dit Wim Thiery. Nous devons faire de l’efficacité énergétique et de l’électrification une priorité, est d’avis Koen Stuyck : “En Belgique, nous en sommes encore loin. Ainsi, en Belgique, 15 milliards d’euros de subsides vont encore vers l’énergie fossile. Beaucoup de gens dépendent encore des combustibles fossiles pour leur chauffage et leurs déplacements. Il est important de rendre l’électricité moins chère. Ce n’est pas bon marché de rendre sa maison sans fossile ou d’acheter une voiture électrique.

Une transition juste

La transition énergétique doit donc être juste, afin que ceux qui ne peuvent pas faire cet investissement immédiatement soient aidés. Il existe des mécanismes financiers pour cela. Les conditions météorologiques extrêmes vont augmenter et les gouvernements devront prendre des mesures drastiques. Les compagnies d’assurance ne voudront plus assurer certaines choses.” Wim Thiery conclut : “L’avenir le moins cher est celui où nous limitons le réchauffement à 1,5 degré et où nous y investissons massivement.”

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