Avec son paquebot à voile, le croisiériste Ponant se veut plus vert sur la grande bleue
Le croisiériste de luxe Ponant est à nouveau à flots et vise avec son futur navire transocéanique la neutralité carbone en opération à l’horizon 2030. Un projet qui s’inscrit dans la tendance d’un tourisme plus durable.
Après une période difficile suite à la crise sanitaire durant laquelle la plupart de ses navires ont été immobilisés de longs mois, Ponant est reparti à la conquête des mers à travers la planète pour le plus grand plaisir des amateurs de croisières de luxe et d’exception.
Fondée en 1988, celle qui s’appelait alors encore la Compagnie des Îles du Ponant a connu depuis sa reprise en 2015 par Artemis, le holding de la famille Pinault, une solide progression. A l’époque, Ponant compte cinq navires dont le voilier éponyme mis à l’eau en 1991. Sous l’impulsion de son nouvel actionnaire, la compagnie a plus que doublé la taille de sa flotte passant de 5 à 13 navires. Le milliardaire a également permis à l’entreprise de traverser la crise plus sereinement. “Nous avons connu 18 mois d’inactivité, précise Hervé Gastinel, président de Ponant. François Pinault n’a pas seulement soutenu Ponant mais a également continué à investir dans le développement d’une flotte plus durable.”
Taille humaine
Sur le marché sans cesse croissant de la croisière, Ponant entend se démarquer en proposant des expéditions et explorations à travers la planète dans un environnement empreint de luxe. Depuis 2016, la compagnie s’est d’ailleurs associée avec Ducasse Conseil afin de concevoir l’offre culinaire et la formation des chefs de la compagnie. A la différence des immenses paquebots qui ne cessent de battre des records en matière de taille et de nombre de passagers – dont le dernier en date, L’Icon of The Seas qui pourra transporter plus de 10.000 personnes –, le croisiériste français privilégie une flotte à taille humaine.
Lire aussi | Venise interdite aux bateaux de croisière
“Outre les impacts environnementaux qui sont moindres, nous pouvons également amener nos clients dans des endroits d’exception, explique Hervé Gastinel. Grâce à nos navires, nous pouvons ainsi proposer des destinations inédites. Le Commandant Charcot, par exemple, est un navire de haute exploration polaire hybride électrique, propulsé au gaz naturel liquéfié. Mis en service en 2021, il dispose de 123 cabines et permet d’atteindre le pôle Nord géographique. Par ailleurs, nous embarquons également des scientifiques durant ces voyages, afin qu’ils puissent étudier ces environnements peu explorés.”
Vitrine technologique
Ponant compte actuellement 13 navires battant sous son pavillon: le Commandant Charcot, le Paul Gauguin dévolu aux eaux polynésiennes, le Ponant, trois-mâts historique, ainsi que 10 autres bâtiments de classes dites “Ponant Explorers” et “Sistership”. “Notre flotte est l’une des plus modernes et des plus récentes de l’industrie, entièrement labellisée Cleanship par Bureau Veritas, attestant d’un impact environnemental réduit”, ajoute le président. Naviguant à contre-courant de la tendance au gigantisme marin, Ponant a opté pour le small is beautiful dès le lancement de son premier navire, qui a été complètement revu récemment. Le Ponant a en effet été repensé et a vu sa capacité réduite de moitié. Le voilier compte aujourd’hui 16 cabines, soit 32 passagers et 31 membres d’équipage, un tiers de personnel navigant et deux tiers de personnel hôtelier.
Le croisiériste français s’inscrit clairement dans la tendance d’un tourisme à vocation durable. Et si celui-ci demeure encore une niche, il devrait sensiblement progresser dans les années qui viennent, dans un secteur maritime, fortement décrié pour la pollution qu’il génère. Signalons toutefois que l’essentiel de celle-ci, qui oscille entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2, provient de la marine marchande. Aujourd’hui, plus de 50.000 navires sillonnent les mers du monde, alors que les bâtiments de croisière ne sont qu’environ 500.
Au début de l’été, Ponant a annoncé un projet d’envergure, de plusieurs centaines de millions d’euros, qui concerne un navire transocéanique, baptisé Swap2Zero (sustainable, wind assisted propulsion, zero emission ready). En association avec le cabinet d’architecture navale Stirling Design International, ce futur navire devrait voir le jour avant 2030. “Il vise le zéro émission de gaz à effet de serre en navigation, en manœuvre, au port et au mouillage, détaille Hervé Gastinel. Son empreinte carbone sera réduite tout au long de son cycle de vie. Aux énergies renouvelables fournies par le vent et le soleil seront combinées des énergies décarbonées et non fossiles associées à des piles à combustible.”
Ambition pionnière
“Plus largement, nous souhaitons proposer une nouvelle manière de naviguer et contribuer activement à la décarbonation du secteur maritime. Avec Swap2Zero, nous allons bâtir une vitrine technologique française à même de convaincre d’autres acteurs de s’engager dans la navigation neutre en carbone.” En 2019, Ponant a organisé 350 croisières sur l’ensemble du globe pour 60.000 passagers. Après deux années éprouvantes, la compagnie a retrouvé le sourire et les premiers mois de 2023 s’annoncent prometteurs en termes de résultat avec de nouveaux records à la clé. Ainsi, déclare Ponant, “les prises de réservation sur le premier trimestre 2023 sont 80% supérieures à celles du premier trimestre 2019”.
Avec ce voilier du futur d’une longueur de 181 mètres et comptant une centaine de cabines, Ponant souhaite “ouvrir une nouvelle ère pour l’industrie maritime”, qui s’aligne aussi sur les nouvelles réglementations européennes et internationales sur les émissions de gaz à effet de serre. “Nous sommes une compagnie de marins tournés vers l’exploration et l’innovation. Cette ambition pionnière inspire tout le programme Swap2Zero. Et plus largement, nous nous inscrivons dans cette tendance de fond d’un tourisme plus responsable et plus durable”, conclut Hervé Gastinel.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici