Des Jeux olympiques sans trêve politique et sur fond de tensions, mais Paris veut être une fête
La capitale française accueille les Jeux olympiques avec un faste inédit et une cérémonie d’ouverture hors-norme. Le défi sécuritaire est important, les armes et les mots ne se taisent pas dans le monde. Des attaques sur le réseau TGV en témoignent. Mais Emmanuel Macron plaide pour “l’universalisme” de la fête et du sport.
Le président français, Emmanuel Macron, plaidait pour une “trêve olympique”, tant sur une scène nationale politiquement chahutée après les élections législatives, que dans un monde fracturé et secoué par au moins deux conflits majeurs. Il n’aura ni l’une ni l’autre. L’attaque “massive” menée contre le réseau TGV ce vendredi en témoigne. Pas moins de 800 000 voyageurs sont concernés, sans que l’on ne sache pour l’heure qui en est reponsable.
Le chaos politique est généralisé. En France, le Nouveau Front Populaire fait le forcing pour qu’il désigne sa candidate au poste de Premier ministre, Julie Castets, en accusant le chef de l’Etat de jouer avec la Constitution. Dans le monde, les combats se poursuivent en Ukraine, l’agresseur russe continuant à progresser dans l’Est, tandis que Gaza n’en finit plus de souffrir de la guerre menée par Israël, le Hamas ne désarmant pas.
Faute de progrès en faveur de la paix, dans les mots ou sur le terrain, Emmanuel Macron recevra une centaine de chefs d’Etat étrangers – sans Poutine, ni Zelensky, ni Xi Jinping – en lançant un plaidoyer pour “l’universalisme des Jeux” et en affirmant que cette fête doit être un symbole d’union. Faute de mieux.
Un défi sécuritaire
Avant toute chose, les autorités parisiennes promettent d’être à la hauteur du défi sécuritaire, dantesque. Les perquisitions menées en Belgique et les arrestations, jeudi, témoignent du fait que la menace terroriste reste réelle. Les athlètes israéliens sont sous haute protection. Et l’extraordinaire spectacle de la cérémonie d’ouverture, ce vendredi soir sur la Seine à ciel ouvert, sera d’une envergure sans précédent.
“Nous sommes prêts”, ont assuré les organisateurs et le préfet de Paris. Chaque parcelle est contrôlée, le ciel couvert par les hélicoptères et les moyens policiers sans précédent sont mobilisés – avec quelque 45 000 forces de l’ordre sur le terrain. Cela n’empêche pas le célèbre criminologue Alain Bauer de relayer les craintes du terrain en parlant de “folie criminelle”. “L’arrogance française a augmenté les risques”, répète-t-il.
Mais cette arrogance n’est-elle pas, aussi, un signal de confiance envoyé à une époque où la désespérance est bien trop présente?
Paris est une fête
“On a besoin de se réenthousiasmer, de se réunir autour d’une France qui accueille le monde, s’est exclamé Emmanuel Macron à de nombreuses reprises, lors de son intervention télévisée de cette semaine. On verra à partir de vendredi soir pourquoi cela en valait la peine.”
Nous y sommes. Cette cérémonie d’ouverture sans précédent, sur le théâtre d’une des plus belles villes au monde, racontera l’histoire de la France durant plus de trois heures, fera revivre l’esprit des Lumières et des Droits de l’homme, réveillera en effet cette notion d’universalisme dont nous avons tant besoin. Pour fédérer par-delà les polémiques, Aya Nakamura, Céline Dion, Pharrell Williams, Snopp Dog et tant d’autres sont invités à transporter les rêves.
Les Jeux olympiques de Paris s’inscrivent dans un air du temps secoué, mais ils portent aussi le signal d’un espoir. Pour la première fois, ils sont totalement paritaires. Pour la première fois, ils s’enracinent dans l’histoire d’une ville en respectant l’enironnement, avec seulement deux nouveaux petits stades construits pour l’occasion, l’Arena Porte de la Chapelle et le Centre nautique de Saint-Denis. Le budget total s’élèverait à quelque 8,7 milliards d’euros, financé largement par le secteur privé.
Place donc au sport et à la communion. Les images promettent d’être spectaculaires: le beach volley au pied de la tour Eiffel, les sports urbains comme le skate sur la place de la Concorde, l’équitation au château de Versaille, la fin de la course cycliste à Montmartre, le surf à Tahiti… N’en jetez plus.
En espérant que les convulsions du monde ne se rappellent pas à notre mauvais souvenir. Comme c’est déjà le cas sur le réseau TGV, en espérant que cela s’arrête là.
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