Vent d’euphorie sur le bitcoin

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Oubliés les récents scandales ou nouvelle ère grâce à de nouveaux produits d’investissements autorisés aux États-Unis. Le bitcoin, au plus haut depuis deux ans, est repassé cette semaine au-dessus de 50.000 dollars et semble parti pour continuer son ascension. Mémoire courte ou nouvelle ère?

Mercredi en début d’après-midi, la plus importante des devises numériques a atteint 52.053 dollars, un nouveau sommet depuis décembre 2021, et a dépassé le même jour le cap de 1.000 milliards de dollars de capitalisation, selon la plateforme Coingecko. Son cours s’est envolé de plus de 20% depuis début février et a plus que triplé depuis janvier 2023.

Si le prix du bitcoin n’a pas retrouvé son record historique de novembre 2021, à près de 69.000 dollars, il est largement remonté depuis l’effondrement de ses cours fin 2022, dans la foulée de naufrages de plusieurs géants du secteur. Les analystes avancent deux principaux facteurs pour expliquer la nouvelle envolée des cours.

D’abord, les effets d’un nouveau produit d’investissement, un fonds indiciel (ETF) en bitcoins, qui offre la possibilité aux investisseurs de placer leur argent dans ces fonds suivant les performances de cet actif numérique, sans avoir à détenir directement de bitcoins.

Une fois le feu vert donné par le gendarme des marchés américains, la SEC, le lancement de ce placement d’un genre nouveau a propulsé le bitcoin au-delà de 49.000 dollars le 11 janvier, avant de que les cours se replient un peu. Soucieux de récupérer leur mise, certains investisseurs avaient en effet effectué des retraits massifs du fonds GBTC (Grayscale Bitcoin Trust), qui existait déjà avant d’être converti en ETF et cumulait plus de 28 milliards de dollars d’actifs. Afin de palier les demandes de remboursement, Grayscale a dû vendre une partie de ses avoirs en bitcoins, ce qui avait refroidi les investisseurs. Mais “cette vague de sorties” initiale est désormais “tarie”, et l’optimisme est de retour sur le marché du bitcoin, qui est reparti de plus belle vers les sommets, note James Harte, analyste de Tickmill.

Peur de l’opportunité manquée

Charles Morris, de ByteTree, interrogé par l’AFP, note aussi “l’anticipation du +halving+” (ou “réduction de moitié” en anglais), un phénomène technique qui consiste en la division par deux de la récompense des “mineurs” de bitcoins — ceux qui contribuent à la création des chaînes de blocs en validant les transactions.

Cet événement se produit environ tous les quatre ans et le prochain est prévu en avril. Il devrait ralentir la vitesse à laquelle les nouveaux bitcoins entrent sur le marché, réduisant la disponibilité potentielle à l’achat de la cryptomonnaie et renforçant sa valeur. D’autant que la devise numérique possède d’ores et déjà un nombre fini d’unités: son créateur Satoshi Nakamoto a limité à 21 millions le nombre maximum de bitcoins dans le monde. Accentuant ces facteurs fondamentaux, la peur de passer à côté de gains potentiels semble également jouer, ajoute Walid Koudmani, de XTB, questionné par l’AFP.

Ce sentiment de rater le coche avait déjà poussé investisseurs individuels et institutionnels à entrer sur le marché des cryptomonnaies pendant les périodes précédentes d’appréciation significative des prix, selon M. Koudmani. Cet attrait est renforcé par les perspectives de baisses de taux imminentes des grandes banques centrales, qui accroissent l’appétit pour le risque sur les marchés.

Mais l’analyste incite à la prudence, car bien que le sentiment du marché reste extrêmement positif, il reconnait “la volatilité et les incertitudes” d’un secteur où l’appréciation des investisseurs peut changer rapidement selon les performances du marché ou l’évolution de la réglementation. Les faillites de plusieurs géants du secteur dont la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX avaient sapé la confiance des investisseurs et conduit à un effondrement des cours fin 2022. En 2017, un précédent cycle d’enthousiasme exubérant avait déjà été suivi d’un écroulement du cours. Les banques centrales et les autorités de régulation continuent ainsi d’appeler à la prudence face à ce marché hautement spéculatif.

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