The Bitcoin Society : un OVNI crypto entre finance, idéologie et promesses floues

The Bitcoin Society

Transformer une société cotée en Bourse, laissée à l’abandon depuis des années, en coffre-fort à Bitcoin assorti d’un système de réseautage aux accents de club privé : voilà l’ambition, aussi audacieuse que floue, de The Bitcoin Society, le nouveau projet lancé par le fondateur de Ledger.

Eric Larchevêque, figure emblématique de l’écosystème crypto français, a réuni plusieurs centaines de personnes lundi soir pour dévoiler son nouveau projet : The Bitcoin Society. Diffusée en direct sur YouTube – une retransmission qui aurait attiré 10.000 spectateurs selon l’entrepreneur – la présentation a laissé une partie du public perplexe, tant l’initiative semble à la fois ambitieuse… et déroutante.

Conçue comme une réponse aux « dérives » d’une France fragilisée par les tensions économiques et institutionnelles, The Bitcoin Society (TBSO) revendique un mélange de finance, d’idéologie et de networking entrepreneurial dans un pays jugé « en perte de repères », affaibli par la dette et l’inflation. Le cœur du dispositif : une société cotée dont la trésorerie serait adossée au Bitcoin.

Une valorisation basée sur celle du Bitcoin

L’origine de TBSO n’a rien d’ordinaire. Plutôt que de créer une entreprise et d’entamer un long processus d’introduction en Bourse, Larchevêque a choisi la voie du reverse takeover : le rachat d’une coquille vide du groupe Unibail, la société immobilière Tayninh, déjà cotée et laissée à la dérive. Rebaptisée The Bitcoin Society, elle fait désormais l’objet d’une OPA au prix de 11 centimes par action.

L’ambition est claire : offrir une exposition régulée au Bitcoin, sans que les investisseurs aient à manipuler eux-mêmes de cryptomonnaies. « The Bitcoin Society est la première entreprise cotée au monde à proposer une Network Society couplée à une Bitcoin Treasury Company », affirme le site de l’entreprise, cofondée avec l’investisseur Nathan Pissarro (Nomiks) et l’ex-basketteur Tony Parker, aujourd’hui entrepreneur.

Premier pilier du projet : la constitution d’une trésorerie en Bitcoin. Les fonds levés en Bourse serviront à acheter massivement la cryptomonnaie pour la conserver. De facto, la valorisation de TBSO suivra mécaniquement l’évolution du cours du Bitcoin. Une dynamique potentiellement puissante… mais intrinsèquement volatile.

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Une ambition politique et sociétale assumée

Larchevêque présente toutefois TBSO comme autre chose qu’un simple véhicule d’investissement. Le projet entend se muer en mouvement social et entrepreneurial, destiné à offrir une forme de « protection » aux entrepreneurs, artisans et freelances face à une société jugée déclinante, en bâtissant une « société en réseau, ancrée sur le standard Bitcoin ».

« TBSO répond à un besoin urgent : redonner envie d’agir à ceux qui créent de la richesse et investissent pour leur indépendance », assure la page d’accueil. Le projet repose sur trois briques : une activité de Bitcoin Treasury Company, une Network Society et une offre de clubs premium.

La Network Society rassemblera entrepreneurs et investisseurs dans une communauté visant à peser dans le débat public. Objectif affiché : faire valoir la puissance économique collective pour influer sur la fiscalité, obtenir des facilités de visa ou négocier des zones franches. « Une forme de lobbying décentralisé », selon Larchevêque. L’adhésion sera gratuite et accompagnée de ressources d’éducation financière.

Les clubs premium, eux, proposeront coaching, formations et services payants, censés financer le fonctionnement de TBSO. Leur lancement est prévu le 9 décembre. Quant au bilan financier de la société, il reposera largement sur le Bitcoin.

Un projet encore flou

Officiellement, Éric Larchevêque assure que TBSO n’a « pas de vocation politique ». Mais la société entend bien s’inviter dans le débat public. « Notre objectif : agréger la puissance économique de nos membres afin de devenir une force capable de dialoguer avec les institutions et d’influencer les décisions qui façonnent notre avenir collectif », revendique encore le site.

Un positionnement hybride – entre fintech, mouvement d’influence et plateforme communautaire – qui intrigue autant qu’il interroge, à l’heure où le Bitcoin reste l’un des actifs les plus volatils du marché.

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