OKX, plateforme d’échange de cryptomonnaies, va débarquer en Belgique : “Nous voulons offrir la solution la plus adaptée possible”

Erald Ghoos et Hong Fang d'OKX. Image : OKX, Getty Images

OKX, une plateforme d’échange de cryptomonnaies et portefeuille web 3, étudie la possibilité de s’implanter sur le marché belge. L’entreprise mise sur une offre adaptée pour offrir la meilleure expérience aux clients, en intégrant des solutions comme Bancontact et itsme. Entretien avec Erald Ghoos, directeur pour l’Europe et sa présidente, Hong Fang sur le business model, mais aussi la prometteuse régulation européenne et l’adoption des cryptomonnaies par les banques.

“Les Belges, un peu comme les Néerlandais, ont une grande éducation financière. Historiquement, ils ont toujours apprécié l’investissement. De nombreux actifs sont disponibles sur le marché, dans lesquels on peut investir. Le pays a également un PIB élevé.” C’est avec ces mots qu’Erald Ghoos, directeur pour l’Europe auprès de la compagnie active dans les cryptomonnaies OKX, décrit notre pays. “Mais si on compare aux Pays-Bas ou à d’autres marchés européens, l’éducation en matière de cryptomonnaies est à la traîne. Le taux d’adoption est de 6 à 8%, contre 15 à 18% pour les Pays-Bas.”

Un pays riche, éduqué et prêt à investir, voilà en tout cas une combinaison qui intéresse OKX. L’entreprise, créée en 2017 et comptant 60 millions d’utilisateurs dans le monde, propose une plateforme d’échange de cryptomonnaies et un portefeuille web 3 dans une même application, un fait rare dans le secteur (lire aussi l’encadré en bas de cet article). Elle compte donc prochainement se lancer en Belgique, et veut notamment mettre l’accent sur l’éducation à la cryptomonnaie en proposant des contenus explicatifs.

“Aussi adapté que possible au marché local”

Les préparatifs vont bon train. L’entreprise ne veut rien laisser au hasard. Pour OKX, il est très important de proposer un produit adapté au marché local. “D’abord, nous devons être tout à fait en ordre du côté de la compliance (conformité aux lois et règles, NDLR). Mais ensuite, nous devons aussi être prêts du côté des consommateurs. Nous voulons offrir la meilleure expérience locale possible. C’est-à-dire en proposant un service client qui parle la langue des utilisateurs. Intégrer la méthode de paiement numérique la plus répandue du marché, comme Bancontact en Belgique, la tester et l’approuver. Intégrer aussi les méthodes d’e-gouvernement pour identifier les clients, comme itsme, qui a d’ailleurs un des taux d’adoption les plus élevés d’Europe pour ce type d’application. Tout doit bien être implémenté et testé, avant que nous nous lancions sur un marché”, continue Erald Ghoos.

C’est avec cette philosophie qu’OKX est entré sur le marché néerlandais, plus tôt cette année. Ainsi que sur le marché des Emirats Arabes Unis, la semaine dernière.

Une harmonisation législative via MiCA

OKX est active en Europe depuis fin 2022, sous une licence maltaise. Malte était un des premiers pays à établir un cadre réglementaire complet. La licence peut lui donner accès à certains marchés européens… mais pas à d’autres. Chaque pays a sa propre législation, qui peut être très différente et plus ou moins stricte d’une zone à l’autre. Mais tout cela est en train de changer. La directive de l’Union européenne sur le marché des cryptomonnaies, appelée MiCA, entrera en vigueur à la fin de cette année. Elle a pour but d’harmoniser tout le cadre juridique à travers le continent. Les entreprises du secteur devront toutes être régulées (car dans certains pays, c’était un peu une zone grise) et pourront donc se lancer beaucoup plus facilement sur un nouveau marché national, avec une licence d’un pays membre.

OKX n’a toutefois pas pu nous préciser si le lancement en Belgique aura lieu avant ou après le 31 décembre. La Belgique ne demande en fait pas de licence belge spécifique. Une licence d’un autre pays européen est suffisante pour y lancer un produit comme une plateforme d’échange de cryptomonnaies (si et seulement si l’entreprise n’a pas de présence physique en Belgique).

L’entrée en vigueur de la directive MiCA est d’ailleurs très attendue par le secteur. Il estime que le texte lui donnera une image plus transparente et sérieuse, et qu’il peut pousser davantage de clients à adopter les cryptomonnaies, car l’accès sera beaucoup plus facile pour les 450 millions d’Européens. “La sensibilisation et la réglementation sont très importantes pour instaurer la confiance. Auprès des clients d’un côté, mais aussi pour établir des partenariats et travailler avec les acteurs bancaires de l’autre côté. Ils doivent se sentir à l’aise pour travailler avec nous, en termes d’évaluation des risques, de compliance, etc. MiCA facilitera grandement ces choses”, nous détaille Hong Fang, présidente de OKX.

Faut-il alors s’attendre à un effet MiCA sur les cours du Bitcoin et d’autres monnaies, soit dit en passant ? “À court terme, il sera très intéressant d’observer comment la directive MiCA sera implémentée et comment cela impactera le marché. Différents acteurs ont diverses attentes, et ces attentes seront confrontées à la réalité, ce qui peut amener quelques changements sur le marché. Il y a un peu d’incertitude. Mais à long terme, c’est positif”, analyse Hong Fang, ajoutant qu’elle s’attend à de la volatilité dans les mois à venir, à cause de différentes tendances macro-économiques plus globales.

Les banques et la crypto, grand avènement ?

La directive MiCA pourrait en effet ouvrir la voie, en grand, à la cryptomonnaie en Europe. “Avec l’approche de l’entrée en vigueur du texte, des banques européennes nous ont approchés pour des collaborations. Il y a clairement une demande du côté de leurs clients, et elles ne veulent pas rater le train. Elles nous demandent par exemple comment elles pourraient installer une interface et quelques outils pour que leurs clients, privés ou institutionnels, puissent négocier des cryptomonnaies, sur leur application bancaire par exemple. Nous avons été approchés à plusieurs reprises pour un tel produit”, nous explique Erald Ghoos.

Les banques et le monde de la finance s’intéressent d’ailleurs de plus en plus à la cryptomonnaie, reprend Hong Fang. Au-delà des ETF en Bitcoin lancés plus tôt cette année aux États-Unis, les émetteurs de fonds se tournent aussi vers des produits plus variés, comme une combinaison de Bitcoin et d’obligations. Ou, ils l’incluent dans les fonds de pension. “Cette innovation va continuer, il y a de la demande de la part des institutions. Le Bitcoin est en train de devenir quelque chose qu’on ne peut plus ignorer en tant qu’institution, pour ses clients. Il faut considérer l’exposition au Bitcoin”, commente la présidente, imaginant un scénario similaire pour l’Europe également.

Trading et portefeuille web 3

Dans le monde de la cryptomonnaie, portefeuille web 3 (décentralisé) et plateforme d’échange de (centralisé) sont souvent séparés. Mais OKX, contrairement à d’autres acteurs, a décidé de réunir les deux dans une seule application. Hong Fang explique : “La philosophie fondamentale est que nous voulons que nos clients choisissent librement comment garder leurs cryptomonnaies. Nous voulons leur donner de l’exposition au web 3 plutôt tôt que tard, pour qu’ils prennent en charge la garde de leurs propres actifs. Nous croyons que c’est la direction du secteur, cette auto-détention, c’est justement cela qui nous différencie du système financier traditionnel. C’est donc un peu comme si on gardait son argent sous son oreiller au lieu de l’avoir à la banque, mais d’une manière plus sûre. Il n’y a pas d’intermédiaires, donc moins de risques. Notre objectif ultime, à terme, est que les clients placent leurs actifs dans leur portefeuille web 3. Le fait d’avoir les deux dans une application est donc un choix philosophique.”

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