Les NFT au service du devoir de mémoire ukrainien
Quand on pense NFT, on pense souvent délire de geek et singes de Yuga Labs. Une tendance que beaucoup de personnes ont encore du mal à comprendre ou, au pire, trouvent inutile. Pourtant, les NFT pourraient bientôt avoir une place centrale dans l’archivage et la protection des témoignages de guerre.
L’Histoire, celle avec un grand “H”, fait face aujourd’hui à une forme de propagande moderne, celle menée par les nouvelles technologies. En plus d’envoyer des messages faux, contradictoires, déformés, la propagande s’attache à modifier la réalité.
En témoigne notamment la vidéo deepfake diffusée en mars dernier et montrant un président ukrainien Volodymyr Zelensky appelant à “rendre les armes”. Une vidéo diffusée sur le site de la chaîne d’information Ukraine 24 (alors victime d’un piratage), Facebook, Youtube et Telegram.
Afin de lutter contre cette altération de la vérité, un développeur informatique Ukrainien a choisi la Meta Histoire. Le développeur, connu sous le pseudonyme de “VK”, a ainsi lancé une plateforme appelée “Meta History: museum of war” (Meta Histoire, musée de la guerre).
Son projet a été présenté vendredi dernier au Kult XL Ateliers & Expo à Bruxelles lors de l’exposition “Insomnies en Ukraine”. L’idée de cette plateforme ? Illustrer chaque journée de conflit par une œuvre (sous forme de NFT) représentant un événement qui s’est déroulé ce jour-là. Visuellement, chaque œuvre a la même configuration : un tweet d’une agence gouvernementale accompagné de l’illustration d’un artiste.
Techniquement, la plateforme sélectionne tout d’abord les nouvelles publiées sur Twitter relatant des événements importants de la guerre en Ukraine. Des artistes de premier plan créent ensuite des œuvres d’art autour de ces tweets. Ils donnent ainsi leurs propres interprétations du contenu et de la signification de l’information. Puis ces œuvres sont placées en tant que NFT sur la blockchain Ethereum.
Les NFT sont alors mis à disposition du monde lors de dépôts, appelées “drops”. Le premier a eu lieu le 30 mars. Les amateurs d’art, les partisans de l’Ukraine, les communautés web achètent alors les NFT via le transfert de crypto-monnaies. Puis les fonds récoltés sont reversés aux ministères ukrainiens et vers des fonds de volontaires.
“Nous ne laisserons jamais un seul jour de cette période disparaître du grand livre de l’histoire du monde.”
Devise de la plateforme Meta History
Même s’il est important d’envoyer des fonds à l’Ukraine, l’objectif premier de ce projet est d’éviter que les archives de la guerre soient altérées, et c’est ce qui a poussé Olivier Baumard, coordinateur de l’exposition bruxelloise, à faire connaître cette initiative. “L’idée de ce projet est d’éviter que la Russie s’approprie la mémoire ukrainienne. Posséder un NFT, c’est défendre l’histoire de l’Ukraine.”
Le prix moyen d’achat est de 0,5 ETH, donc environ 500€. Pour Olivier Baumard, “c’est un investissement qui fait sens”. “Une forme moderne qu’a trouvé l’Ukraine pour sauvegarder son histoire. Et une manière de raconter 365 jours de conflit.” Le 24 février marquera en effet les 1 an de la guerre en Ukraine.
Un mélange entre la nouvelle technologie et l’art ukrainien au service du devoir de mémoire. Olena Marchyshyna, graphique designer et illustratrice ukrainienne originaire de Kiev, présente à l’exposition, le résume ainsi “notre art, c’est notre arme”. Un art que la blockchain et les NFT protègent ainsi aujourd’hui. Et c’est peut-être de cette manière que l’univers Meta va finalement acquérir ses lettres de noblesse, même au sein du grand public.
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