Ancien partenaire du bureau bruxellois de McKinsey et co-fondateur de la start-up quantonomiQs, Frédéric Van Weyenbergh réagit aux chiffres du dernier baromètre ING, qui révèlent que près de la moitié des jeunes investisseurs jugent indispensable d’intégrer le bitcoin dans tout portefeuille d’investissement.
C’est clair, le bitcoin a le vent en poupe auprès des jeunes investisseurs belges. Selon le dernier baromètre ING publié ce vendredi, 15 % des sondés considèrent que la célèbre crypto pourrait devenir l’élément le plus important des réserves mondiales. Plus remarquable encore, près de la moitié (45 %) des jeunes investisseurs estiment que tout portefeuille d’investissement devrait comporter une part de bitcoins. Et ce, alors que les plus de 55 ans restent attachés aux devises traditionnelles.

Ces chiffres vous étonnent-ils ?
Absolument pas. Ils témoignent du basculement progressif des repères financiers et du rôle croissant des cryptomonnaies dans l’univers d’investissement des jeunes générations d’épargnants. Les jeunes investissent de plus en plus jeunes avec cette volonté de gagner beaucoup d’argent très rapidement. Ils intègrent de plus en plus les actifs numériques tels que le bitcoin comme une composante légitime, d’un portefeuille d’investissement.
Ce changement ne relève pas seulement d’un engouement technologique ?
Leur engouement repose aussi sur la promesse d’un rendement élevé et rapide. Le bitcoin fait tourner la tête aux jeunes ! Sur le papier, le placement est séduisant et paraît sécurisé. C’est un actif décentralisé, pas lié à un Etat, qui court-circuite le système bancaire traditionnel. En réalité, les risques cyber et systémiques (notamment) sont considérables et, faute d’éducation financière solide, beaucoup d’investisseurs novices s’exposent dangereusement. C’est préoccupant.
Une tendance face à laquelle les banques ne peuvent rester indifférentes ?
Elles doivent de facto se plier à la tendance. On le voit bien avec certaines banques en Belgique comme KBC ou ING qui changent de stratégie. Après avoir freiné des quatre fers pendant plusieurs années, elles préparent aujourd’hui des offres donnant accès aux cryptomonnaies, dont le bitcoin. Sinon, c’est courir le risque de voir cette clientèle jeune et ultra-connectée aller vers les fintech ou directement sur le marché via les plateformes d’échange.