La famille Taihuttu, connue dans le monde de la crypto, a choisi de jouer la carte de la sécurité. Elle fonctionne avec des portefeuilles hors-ligne et des bouts de mots de passe cachés sur différents continents. Les récents enlèvements, vols et agressions sèment l’inquiétude parmi les ultrariches de la crypto.
Doigt sectionné pour déverrouiller un portefeuille, enlèvement de proches pour faire du chantage et extorquer des fonds… le monde des cryptomillionnaires a été traversé par une vague de crimes brutaux et spectaculaires récemment.
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La peur s’installe donc, et les ultrariches prennent leurs précautions pour sécuriser leurs avoirs et leurs proches. Didi Taihuttu, père de la célèbre “Bitcoin Family”, raconte à CNBC comment il s’est adapté et a radicalement changé la façon de faire de la famille, originaire des Pays-Bas. “Même si quelqu’un me menaçait avec une arme, je ne pourrais pas lui donner plus que ce qui se trouve dans mon portefeuille sur mon téléphone. Et ce n’est pas beaucoup”, explique-t-il.
Pour ce faire, la famille a opté pour un système hybride. Avant, elle avait des portefeuilles physiques, sur lesquels les bitcoins et autres jetons étaient stockés. Maintenant, elle a opté pour une option mi-analogue, mi-digitale. Les phrases de connexion aux “coffres”, qui comportent 24 mots, sont séparées en morceaux. Ces bouts sont cryptés sur une blockchain et/ou conservés de manière physique, gravés manuellement sur une carte métallique, et cachés sur quatre continents… comme l’étaient les wallets, auparavant. Histoire de décourager les potentiels agresseurs. En plus de cela, Taihuttu a interverti la place de certains mots dans la phrase, pour rendre l’exercice encore plus difficile.
Décentralisé
Il mise ainsi sur la décentralisation totale. La majorité de ses avoirs sont gardés dans des “cold storage”, des sortes de disques durs qui ne sont pas connectés à Internet pour éviter les risques de piratage. Ceux-ci se trouvent aussi sur quatre continents différents. Il préfère par ailleurs éviter les entreprises qui proposent des services de coffre-forts, qui sont alors centralisés, car ce serait créer de nouveaux risques extérieurs, en cas de faillite par exemple. Il s’agit là de leur pension qui fructifie sur le long terme.
Ce sont aussi ces risques qui ont poussé la famille à ne plus utiliser de portefeuilles crypto physiques. Des récits d’accès des entreprises qui les gèrent aux fonds des clients ont aussi contribué à forger la méfiance de Taihuttu.
Mais la famille garde aussi une partie de ses actifs, pour faire des achats ou du trading (sur des plateformes décentralisées comme Apex), sur des portefeuilles connectés à internet, dits “hot storage”. Mais pour chaque transaction, il faut alors la confirmation ou “signature” de plusieurs personnes.
Menaces
La famille défraye régulièrement la chronique. En 2017, elle a vendu sa maison et tous ses avoirs pour tout investir dans le bitcoin. Il se négociait alors à 900 dollars, contre plus de 109.000 à l’heure d’écrire ces lignes. Depuis, elle a fait fortune et vit en nomade, voyageant à travers le monde. Elle n’a de fonds dans aucune banque. Son mode de vie n’est pas des plus communs, même dans le monde de la cryptomonnaie.
La famille crée des contenus, comme des vlogs, qu’elle partage en ligne. Mais le père de famille, Didi Taihuttu, a récemment reçu des menaces, suite à ces vidéos, et se met dorénavant en retrait. “Nous avons séjourné dans une très belle maison pendant six mois, puis j’ai commencé à recevoir des e-mails de personnes qui avaient découvert de quelle maison il s’agissait. Elles m’ont conseillé d’être prudent et m’ont dit de ne pas laisser mes enfants seuls. Nous avons donc déménagé. Et maintenant, nous ne filmons plus rien du tout,” explique-t-il. Sa dernière vidéo sur YouTube (publiée ce lundi, après l’interview avec CNBC) le montre dans un jardin qui est moins reconnaissable que dans d’autres vidéos.
“Nous sommes devenus un peu célèbres sur un marché de niche, mais ce marché de niche est en train de devenir un marché vraiment important aujourd’hui”, déclare-t-il. “Créer du contenu est vraiment ma passion. C’est vraiment ce que j’aime faire tous les jours. Mais, si ce n’est plus sûr pour mes filles… je dois vraiment penser à elles.”
La famille indique qu’elle va bientôt quitter la Thaïlande où elle se trouve actuellement pour se rendre en Europe. La sécurité est dorénavant au coeur des discussions. Elle devrait éviter la France, glisse-t-elle, car un des enlèvements a eu lieu à Paris.