Un Belge est-il le père du bitcoin ?

créateur belge du bitcoin
Jean-Jacques Quisquater. " L’idée derrière le bitcoin, c’est d'être une monnaie qui n’appartient à aucun gouvernement." © Michel Houet
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Si rien n’indique qu’il soit lui-même le créateur du bitcoin, le cryptologue belge Jean-Jacques Quisquater nous a fourni quelques éléments de réponse troublants quant à la véritable identité de Satoshi Nakamoto.

Qui peut bien être l’inventeur du bitcoin ? Depuis la création de la cryptomonnaie en 2008, l’identité de son mystérieux inventeur, connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, reste un mystère qui fascine depuis des années. Dernièrement, un documentaire de la chaîne américaine HBO, “Money Electric: The Bitcoin Mystery“, a relancé les rumeurs en désignant Peter Todd, un développeur canadien, comme étant Satoshi Nakamoto. Mais voilà : l’intéressé a fermement nié cette théorie, prolongeant ainsi le suspense et la légende autour du créateur de la cryptomonnaie.

Cette piste écartée, peut-on dès lors voir en Jean-Jacques Quisquater le véritable inventeur de la plus célèbre des crypto ? Parmi les noms avancés, celui du cryptographe (cryptologue) belge revient en effet régulièrement. L’un des arguments souvent mis en avant en faveur de son implication dans la création du bitcoin est que son travail est cité dans le livre blanc de Nakamoto. Le document de référence du bitcoin cite un article coécrit par Jean-Jacques Quisquater en 1999 sur la sécurisation des transactions numériques via la cryptographie (blockchain), attestant ainsi de l’importance du professeur émérite de l’UCLouvain dans le domaine. Cette référence suggère que Satoshi Nakamoto connaissait et s’inspirait des travaux de notre compatriote.

Par ailleurs, Jean-Jacques Quisquater a lui-même révélé en 2014 qu’il avait été victime d’une tentative d’espionnage, ce qui a alimenté les spéculations sur son rôle dans la genèse du bitcoin. Certains ont à l’époque supposé que cette attaque visait à compromettre des informations sensibles qu’il aurait pu détenir sur la cryptomonnaie.

Un des oncles du bitcoin

S’il a toujours affirmé ne pas être “le” créateur du bitcoin, Jean-Jacques Quisquater (80 ans) nous a toutefois apporté quelques éléments de réponse troublants à cette question qui taraude les technophiles depuis de nombreuses années. A-t-il quelque chose à voir avec la création de la célèbre crypto ? “Bien sûr !”, nous a-t-il assuré répondant à nos questions en marge d’une conférence organisée, voici quelques jours, par le Cercle de Wallonie sur le thème des cryptomonnaies où il était invité à prendre la parole. “On ne sait toujours pas aujourd’hui qui est Satoshi Nakamoto, a-t-il ajouté.

Et sans doute ne le saura-t-on jamais.” Pourquoi ? “Parce qu’il ne s’agit probablement pas d’un homme isolé, mais d’un groupe de cinq ou six personnes qui discutaient ensemble sur un réseau d’un projet qui au départ ne s’appelait pas bitcoin. Certains ont financé le projet, d’autres ont joué les relecteurs, etc.” Jean-Jacques Quisquater fait-il partie de cet énigmatique collectif ?

Le nom du cryptologue belge revient régulièrement parmi ceux avancés comme étant l’un des inventeurs du bitcoin.

“C’est la question qu’on me pose à chaque fois. Non, je n’en fait pas partie. Mais par contre, je suis à peu près convaincu que j’ai rencontré des gens très proches”, nous a-t-il encore affirmé avant de préciser qu’il aurait dû être cité deux fois comme référence dans le livre blanc : “Il y a eu au moins trois versions de ce livre blanc. La version qui circule sur internet ne correspond pas à la version initiale dans laquelle mon nom figurait deux fois. En fait, et ce n’est pas une blague, Satoshi a changé le texte plusieurs fois, parce qu’il avait oublié certaines choses.”

Un des oncles du Bitcoin

Pourquoi tant de précisions (cinq personnes, trois versions, etc.) ? Peut-on en déduire que Trends-Tendances a, quoi que l’intéressé en dise, rencontré l’inventeur du bitcoin lors de cette conférence sur les cryptomonnaies organisée à Liège ? “Disons que je suis un des oncles du bitcoin”, s’amuse Jean-Jacques Quisquater. S’il dit ne posséder aucun bitcoin, l’homme sait visiblement pourtant beaucoup de choses sur la création de la devise numérique. Selon lui, Satoshi n’est d’ailleurs pas content de voir ce qui se passe aujourd’hui : “Son idée a été dévoyée. Les manipulations actuelles ne vont pas dans le bon sens”.

Mais encore ? “On parle beaucoup du Salvador comme étant le pays qui a adopté le bitcoin comme monnaie nationale. Mais la réalité est autre. Le Salvador n’est pas le pays qui possède le plus de bitcoins au monde. Ce sont les États-Unis et la Chine qui en possèdent le plus aujourd’hui. Avec comme objectif de lutter contre le bitcoin, parce qu’il vise à réduire l’influence des monnaies physiques comme le dollar, par exemple. Ma grande crainte est que la plupart des bitcoins en circulation appartiennent à terme à l’un de ces deux pays. À ce moment-là, ce sera la mort du bitcoin et de ses idées libertaires, évidemment. Pourquoi ? Parce que l’idée derrière le bitcoin, c’est d’être une monnaie qui n’appartient à aucun gouvernement.”

Une anagramme troublante

Quant à savoir d’où vient le nom Satoshi Nakamoto, la réponse fournie par Jean-Jacques Quisquater a, là aussi, de quoi entretenir encore un peu plus le mystère autour de l’une des énigmes les plus fascinantes de l’ère numérique : “C’est un nom qui est exactement conforme aux règles de formation des noms de famille japonais dont beaucoup se terminent de cette manière. Et Satoshi est un prénom très commun au Japon, donc cela n’a rien d’extraordinaire. Par contre, ce qui est beaucoup plus étonnant, c’est l’anagramme du nom Satoshi Nakamoto.

Quand vous prenez toutes les lettres et que vous les permutez, vous obtenez quelque chose de très troublant: ‘Satoshi Nakamoto’ est en fait l’anagramme exacte de ‘Hook to a satanism’. En français dans le texte, cela signifierait que le bitcoin est lié au satanisme, que ce serait la monnaie de Satan. Je ne sais pas si c’est volontaire ou pas, et s’il y a un message caché derrière. Mais pour un nom d’une longueur pareille, Satoshi Nakamoto, il est quasiment impossible d’avoir une anagramme correcte et significative.” Une anagramme hors du commun derrière laquelle se cache peut-être la patte d’un cryptologue hors pair…

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