Combien de temps une digue peut-elle tenir?
En ces temps de réchauffement climatique, la question gagne chaque jour en importance. Mais pour la première fois, des scientifiques pourront y répondre via un test grandeur nature.
Situé à cheval sur la frontière belgo-néerlandaise, l’Hedwigepolder vit ses dernières années. Il doit en effet être “dépoldérisé”, c’est-à-dire rendu à la nature, dans le cadre de l’approfondissement de l’Escaut. Ainsi seront créés des espaces dans lesquels le fleuve pourra, en cas de crue, s’étendre. Avec le Prosperpolder voisin, quelque 600 hectares situés près de Doel deviendront à nouveau inondables.
Dans ce contexte, trois kilomètres d’une digue vieille de 30 à 40 ans seront prochainement appelés à disparaître. D’où l’idée d’en faire un laboratoire à ciel ouvert. L’expérience s’annonce d’autant plus passionnante qu’elle traverse la frontière. En effet, si la structure de la digue est de part et d’autre identique (du sable recouvert d’un manteau d’argile et de végétation qui en assure l’étanchéité), sa gestion est différente.
“Nous fauchons deux fois par an, les Néerlandais trois. Ils utilisent en outre des engrais, nous pas. Certaines zones sont arborées, d’autres truffées de terriers”, commente Patrick Peeters du laboratoire d’hydraulique de Borgerhout. Simulant sur une largeur de deux mètres une tempête extrême, les chercheurs étudieront dans chaque cas comment la digue réagit.
Puis dans deux ans, lorsqu’elle devra disparaître, ils creuseront une brèche et une machine conçue expressément lancera de vraies vagues afin d’étudier in situ comment une brèche s’amplifie et quelles sont les techniques de colmatage les plus appropriées.
Savoir comment renforcer des digues, la question ne concerne pas que les plats pays. C’est la raison pour laquelle l’étude menée dans l’estuaire de l’Escaut est internationale et financée à 60% par l’Europe. Son coût global est évalué à 6,5 millions d’euros.
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