Crisp entend aider les agriculteurs dans leur transition agricole

© Crisp
Myrte De Decker Journaliste TrendsStyle.be

L’application du supermarché en ligne Crisp a décidé de collaborer avec des agriculteurs pratiquant l’agriculture régénératrice. Cette initiative intervient peu de temps après que Crisp se soit vu décerner la certification de durabilité B Corp. De plus, l’entreprise néerlandaise entend bien se rapprocher de la rentabilité.

“Après avoir mis l’accent sur le circuit court pendant six ans, nous voulons aller plus loin encore dans le développement durable. Nous sommes le premier supermarché à avoir pour objectif concret de collaborer avec des agriculteurs respectueux de la nature, afin de les soutenir dans cette transition agricole”, explique Charlotte Van Loock, directrice nationale pour la Belgique chez Crisp. Le détaillant en ligne néerlandais est également présent en Flandre depuis la mi-2022. D’ici 2030, 30 % des fruits et légumes vendus devraient être issus de l’agriculture régénératrice. Désormais, les rayons numériques présenteront donc de plus en plus de fruits et légumes cultivés par des agriculteurs régénérateurs ; ceux-ci n’utilisant pas de produits chimiques, de machines agricoles lourdes ou d’engrais.

Travailler avec la nature

Au cours des dernières décennies, l’agriculture a souvent eu un impact négatif sur la qualité des sols, les eaux souterraines et de l’environnement en général. Les machines agricoles lourdes, qui perturbe la biodiversité, et l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques sont notamment à l’origine de cette situation. L’agriculture régénératrice, également appelée agriculture respectueuse de la nature, vise un modèle agricole plus durable, dans lequel le sol occupe une place centrale. Les agriculteurs veulent non seulement réduire au maximum leur impact négatif, mais ils s’engagent également à restaurer la qualité du sol de leurs terres agricoles. Pour ce faire, ils reviennent à des méthodes de travail qui ne vont pas à l’encontre de la nature, mais qui collaborent avec elle. L’agriculture régénératrice a gagné en popularité ces dernières années, mais elle n’est pas encore pleinement établie, car de nombreux agriculteurs s’interrogent sur la rentabilité de cette forme d’agriculture.

Crisp souhaite effectuer cette transition en collaboration avec les agriculteurs. Le passage d’une agriculture intensive à une agriculture respectueuse de la nature est un processus qui demande beaucoup de temps. En un an, un sol complètement épuisé ne peut pas se régénérer rapidement en un écosystème sain et autonome. “Nous avons déjà signé des contrats avec quatre agriculteurs néerlandais et nous sommes en train de négocier d’autres encore “, explique Mme Van Loock. “Nous espérons que les agriculteurs belges voudront bientôt rejoindre notre réseau.”

Crisp propose donc à ces agriculteurs régénérateurs une sécurité quant à la commercialisation de leurs produits. Fixer les prix se fait d’un commun accord et s’ils doivent bien entendu être compétitifs, mais les produits ne seront pas vendus en dessous de leur valeur, promet le supermarché en ligne. Dans l’application de Crisp, les consommateurs pourront donc lire toutes les informations concernant le produit, et aussi pourquoi il est vendu à ce prix spécifique.

L’initiative de Crisp s’inscrit dans un contexte plus large. Ce supermarché en ligne estime que le système alimentaire actuel, qui consiste à produire le plus possible au prix le plus bas, a atteint ses limites. Le bilan écologique et économique de notre mode de consommation est lourd. Un documentaire de la chaîne de télévision VPRO a récemment montré que les aliments, destinés à un repas, parcourent en moyenne 30.000 kilomètres avant d’arriver dans l’assiette du consommateur.

Outre le circuit court qui va de l’agriculteur à l’assiette, Crisp a un deuxième avantage : sa technologie lui permet de placer les produits très facilement dans l’application, ce qui garantit encore plus de fraîcheur aux consommateurs. Lorsque le stock est épuisé, le produit est mis hors ligne facilement à partir de l’application. “Nous pouvons ainsi soutenir cette transition majeure pour les agriculteurs sans avoir à faire des interventions longues sur notre plateforme”, affirme le supermarché.

Reconnu internationalement comme un détaillant durable

Crisp est le premier supermarché des Pays-Bas à obtenir le label B Corp. Il s’agit d’une reconnaissance internationale pour les entreprises qui ont donné la priorité à la responsabilité sociale, à la transparence et aux performances environnementales dans leur modèle d’entreprise. Pour obtenir le certificat, les entreprises doivent obtenir au moins 80 points sur 200 lors du test d’évaluation. Crisp obtient d’emblée 109 points. À titre de comparaison, la multinationale alimentaire française Danone a entamé l’année 2019 avec 84 points et en obtient aujourd’hui 108. “C’est la reconnaissance de notre position unique dans le secteur”, déclare Charlotte Van Loock. “Nous espérons que B Corp deviendra une exigence de base pour tous les supermarchés. Cette certification contribue à préparer l’avenir de la chaîne alimentaire en donnant un aperçu de la façon dont nous pouvons encore améliorer nos performances sociales et environnementales”.

Des chiffres verts

Le supermarché en ligne a été fondé aux Pays-Bas en 2018. Lors d’un premier tour de table, l’entreprise a levé 75 millions d’euros, suivis de 35 millions supplémentaires en novembre 2023. 60 % de cette somme provenait d’investisseurs existants, dont Keen Venture Partners, qui est dirigé par l’ancien patron de TomTom, Alexander Ribbink. Les 40 % restants proviennent de fonds familiaux et de riches entrepreneurs néerlandais.

Bien que Crisp ait vu sa perte passer à 50 millions d’euros en 2022, en partie à cause de ses plans de croissance et de son arrivée sur le marché belge, le détaillant en ligne croit en des chiffres positifs pour la division néerlandaise d’ici l’été 2024. Van Loock affirme que cet objectif est en bonne voie. Les chiffres dans le vert pour le marché flamand devraient suivre l’année prochaine, soit trois ans après le lancement en Flandre.

L’entreprise est un peu en avance sur le calendrier, tant en termes de croissance que de rentabilité. “Le trimestre dernier, nous avons vu nos ventes en Flandre augmenter de plus de 50 % par rapport à la même période de l’année dernière. Mais ce qui est le plus parlant, c’est l’utilisation que font les clients de notre application d’épicerie. Elle est installée sur un million d’appareils, et nous constatons que 90 % des commandes sont des achats répétés. Les clients reviennent donc chez Crisp, et c’est un élément important pour créer un modèle d’entreprise rentable.”

Spa

Le chemin vers la rentabilité passe également par un élargissement de l’offre et une augmentation des livraisons à domicile. Une analyse interne des commandes a montré qu’il y avait à la fois des consommateurs qui font leurs courses hebdomadaires chez Crisp et d’autres pour qui l’application est un complément à leurs courses habituelles. La part des premiers augmente, c’est pour cela, le détaillant a récemment ajouté l’eau Spa à son assortiment, par exemple. “Nous préférons voir moins de plastique et l’eau du robinet est suffisante”, explique Van Loock. “Mais les consommateurs voulaient voir l’eau de Spa dans notre magasin, sans quoi ils iraient faire leurs achats de toute façon ailleurs. Nous avons donc élargi la gamme en ajoutant quelques produits pour faciliter la vie de nos clients.”

Selon la directrice nationale, l’expansion vers d’autres régions de Belgique est également envisagée, mais cela dépendra de l’évolution des ventes en Flandre. “Notre concept s’imposerait certainement à Bruxelles, mais cela nécessite un assortiment local différent et la traduction des étiquettes, entre autres choses. C’est pourquoi il est plus judicieux de se concentrer d’abord sur la pénétration du marché flamand.”