Wirecard: le scandale financier allemand qui ne cesse d’enfler

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Il pourrait s’agir de la plus grande fraude financière récente, rappelant le scandale Enron aux Etats-Unis: la fintech allemande Wirecard a admis lundi qu’une somme de 1,9 milliard d’euros, bien qu’inscrite à son bilan, n’existait “très probablement” pas.

S’ajoutant aux affaires du Dieselgate chez Volkswagen ou de malversations chez Deutsche Bank, la chute de ce prestataire de services financiers sur le segment en plein boom des paiements électroniques – concurrent d’entreprises comme le français Worldline, le néerlandais Adyen ou l’américain Square – jette une ombre sur la réputation de sérieux et de solidité économique de l’Allemagne.

Dans la nuit de dimanche à lundi, Wirecard, cotée à l’indice vedette de la Bourse de Francfort, a admis qu’une somme de 1,9 milliard d’euros inscrite à son bilan “n’existe très probablement pas”, nourrissant les soupçons de fraude de grande envergure.

Pour cette raison, les auditeurs du groupe ont refusé de certifier les comptes 2019 de la société, dans cette affaire à multiples rebondissements qui a déjà conduit à la démission du patron de l’entreprise et à l’effondrement du cours de l’action Wirecard.

Lundi matin, le titre s’échangeait à seulement 16 euros, contre près de 100 euros mercredi, la veille de la révélation de doutes sur la sincérité des comptes, confirmés désormais.

Banques aux Philippines

Cette affaire a des ramifications aux Philippines: c’est là que les 1,9 milliard de fonds étaient censés se trouver sur des comptes appartenant à des prestataires, en l’occurrence des banques.

Une somme qui représente un quart du total de bilan de Wirecard qui propose des services de gestion des risques, de cartes de crédit et de traitement des transactions notamment à des entreprises.

Les banques des Philippines censées abriter les fonds ont affirmé n’avoir aucun lien avec Wirecard et la banque centrale du pays, qui a ouvert une enquête, a assuré que “les fonds manquants ne sont pas entrés dans le système financier”.

Pour aggraver le tout, l’avocat censé superviser aux Philippines la gestion des comptes pour Wirecard est introuvable.

Du coup, Wirecard désormais “part du principe” que la description des activités réalisées à travers ces comptes tiers “n’est pas exacte” et “continue de vérifier si ces opérations ont réellement été menées”. En clair: la direction soupçonne des fonds fictifs et une gigantesque fraude.

L’avenir de la société est désormais suspendue aux prêts de ses banques, qui pourraient fermer le robinet.

L’entreprise a en effet reporté sine die la publication de ses résultats 2019. Pire, elle “ne peut pas exclure une révision des comptes des années précédentes”.

Le précédent Enron

Présentée pendant des années comme “success story” de la finance allemande, forte aujourd’hui de 6.000 salariés et 26 succursales dans le monde, Wirecard se retrouve empêtrée dans une spirale qui rappelle le sort du groupe d’énergie américain Enron au début des années 2000.

Le groupe texan, qui gonflait artificiellement ses profits, masquait ses pertes et falsifiait ses comptes pour améliorer sa valeur boursière, avait fini par faire faillite.

Wirecard est au départ une startup allemande créée en 1999, ayant au départ servi d’intermédiaire dans des paiements électroniques réalisés au départ pour l’industrie du porno et des jeux en ligne.

Désormais, c’est une avalanche de problèmes judiciaires qui se profile pour elle.

L’ancien patron de l’entreprise Markus Braun et d’autres membres du directoire sont déjà visés en Allemagne par une enquête pénale pour des soupçons de manipulation de cours.

Ils auraient cherché à travers plusieurs communiqué en mars et avril à embellir une expertise comptable à venir du cabinet KPMG.

Le parquet de Munich, siège de Wirecard, a indiqué à l’AFP qu’il pourrait élargir le champ de son enquête suite aux derniers développements.

Enfin, le gestionnaires d’actif DWS, au sein de Deutsche Bank et qui a soldé dernièrement toutes ses positions sur le titre Wirecard, a déjà déclaré son intention de porter plainte contre l’entreprise et sa direction.

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