Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Vent de panique sur les crypto-monnaies
C’est Jules Renard qui disait qu’être heureux ne suffisait pas, encore faut-il que les autres soient malheureux.
Ce drôle de principe, très vrai hélas par ailleurs, est un principe que Freud appelait la “Schadenfreude”, autrement dit, la “joie mauvaise” à l’idée du malheur d’autrui. C’est un peu ce qui se passe en ce moment avec la chute des crypto-monnaies. Quand je dis chute, je ferai mieux de parler de krach. Tous ceux et celles qui n’ont jamais cru dans ces crypto-monnaies se réjouissent. Pas par méchanceté gratuite, mais parce qu’ils ont l’impression que tous leurs appels à la prudence ne sont pas écoutés et notamment par les plus jeunes investisseurs hypnotisés qu’ils sont pas le Bitcoin et ses petits frères.
Depuis quelques jours, c’est un vent de panique qui souffle sur les Bitcoins et même sur les NFT. L’effondrement spectaculaire. Le Bitcoin flirte avec la barre des 30.000 dollars alors qu’en novembre dernier il était encore à 69.000 dollars. Le drame du Bitcoin n’est pas isolé, car sa chute a aussi entrainé avec lui toutes les autres crypto-monnaies que ce soit l’ethereum, le cardano ou le solana. Même les “stable coins”, des crypto-monnaies supposées être plus stables car corrélées au dollar, ont chuté très brutalement. C’est ça qui perturbe en ce moment les amoureux du Bitcoin.
Toutes ces monnaies virtuelles étaient censées être dé-corrélées des soubresauts de la bourse de Wall Street. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pire encore, lorsque la guerre a démarré en Ukraine, ces mêmes amoureux du Bitcoin et de ses petits frères pensaient que les crypto-monnaies deviendraient des valeurs refuges exactement comme l’or. Mais après quelques jours, ils ont vite déchanté : les crypto-monnaies ont plongé dans le sillage des valeurs technologiques américaines. L’investisseur Warren Buffet a coutume de dire que c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui nageaient tout nus. Ici, c’est quand la spéculation se retire que les gens se retrouvent à poil si vous me permettez cette expression triviale. C’est la thèse des investisseurs classiques. Pour eux, les crypto-monnaies ne sont pas des monnaies. Elles sont juste des actifs spéculatifs. Pour Marc Fiorentino, commentateur boursier très connu à Paris, ce sont “des actifs qui forment une bulle alimentée par des particuliers qui croient au Père Noël “. Au-delà des particuliers, il y a un pays donc les habitants doivent se mordre les doigts d’avoir écouté leur président. Ce dernier a en effet décidé d’adopter le Bitcoin comme monnaie légale pour le Salvador en dépit des recommandations contraires du FMI. La chute terrible du Bitcoin ne l’a pas fait changer d’avis visiblement puisque personne ou personne n’achète des crypto-monnaies à la baisse… sauf le Salvador ! J’espère pour lui qu’il aura raison, sinon à la fin de son mandat présidentiel, ce n’est plus un bilan qu’il présentera à ses électeurs, mais un casier judiciaire !
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