Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Un euro = un dollar. Faut-il s’inquiéter ou se réjouir ?
A force d’en parler, ça devait bien arriver un jour : l’euro est à parité avec le dollar. La dernière fois où les deux monnaies étaient à égalité, c’était en 2002, en d’autres mots, l’euro fait un retour de 20 ans en arrière.
Avant de voir qui sont les gagnants et perdants de cette chute de l’euro face au dollar, la première question est de savoir pourquoi la devise européenne a perdu des plumes face au billet vert américain. Réponse : les investisseurs sont plus inquiets pour l’Europe que pour les Etats-Unis. D’abord, parce que la guerre en Ukraine est à nos portes, mais est loin, très loin des Etats-Unis. Ensuite parce que la hausse du pétrole nous affecte plus, car le baril est libellé en dollar comme tant d’autres matières premières. Ensuite, parce que le potentiel de croissance en Europe est plus faible qu’en Amérique. Et puis, n’oublions pas que les taux d’intérêt sont plus élevés aux Etats-Unis qu’en Europe. Résultat, les investisseurs préfèrent vendre leurs euros et acheter du dollar. C’est, non seulement, plus rentable en termes de rendement, mais aussi parce qu’en période d’incertitude, le dollar reste la devise reine.
Maintenant que l’on a compris la raison du décrochage de l’euro face au billet vert, il faut savoir si c’est grave? Parlons d’abord des ménages. Pour nos lectrices et lecteurs, et je m’inclus évidemment dedans, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Beaucoup de biens non alimentaires, comme l’informatique, les téléviseurs, le textile, les jouets, le mobilier sont quasi tous importés et donc libellés en dollars. Mes confrères de BFM TV prenaient l’exemple d’un téléphone. Avant, ce téléphone pouvait être acheté avec l’équivalent de 420 euros. Aujourd’hui avec la chute de l’euro, le même téléphone coûte théoriquement 500 euros. En clair, si le fabricant et le distributeur ne font pas d’efforts sur leur marge, nous aurons une perte de pouvoir d’achat de 80 euros pour ce même smartphone.
En ce qui concerne les entreprises, la réponse est plus subtile. C’est une réponse à double tranchant. Les entreprises exportatrices seront bien entendu avantagées. L’ancien PDG d’Airbus expliquait à l’époque qu’à chaque fois que l’euro baissait de 10 centimes face au dollar, Airbus gagnait un milliard d’euros de bénéfice. Le Luxe va aussi profiter de cette dégringolade de l’euro. En revanche, pour les autres entreprises – celles qui achètent en dollar ou en monnaie chinoise, c’est l’horreur. Tout ce qui arrive de Chine et doit être écoulé en Europe sera forcément plus cher. En plus, ce n’est pas bon pour l’inflation, car elle s’ajoute déjà aux prix du transport qui lui aussi a déjà augmenté.
En résumé de ce très rapide tour d’horizon, je dirai que la chute de l’euro est négative pour les ménages, mais contrastée pour les entreprises selon les secteurs. Pour les uns, c’est le jackpot et pour les autres, c’est la soupe à la grimace.
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