Trade Republic : “Les banques ne veulent plus gérer que les actifs les plus importants”
Trade Republic dispose désormais d’une licence bancaire complète en Belgique et d’une plateforme paneuropéenne. Au cours de l’année à venir, l’opérateur prévoit d’adapter cette plateforme aux marchés locaux.
L’âge moyen de nos utilisateurs est de 30 ans, et jusqu’à 80 % d’entre eux n’ont même pas 30 ans, explique Matthias Baccino, responsable France et Benelux chez Trade Republic. La génération Z est très préoccupée par l’avenir. Qu’il s’agisse du climat ou de la pension légale, elle est inquiète.”
“Les banques traditionnelles ne veulent plus gérer que les actifs les plus importants, ajoute le country manager de ce courtier en ligne d’origine allemande. Les banques ne croient pas qu’elles peuvent réaliser du profit avec des solutions d’investissement pour les étudiants ou la classe moyenne. Or nous pensons, nous, que la banque doit travailler pour les clients et qu’il ne s’agit pas pour elle d’augmenter ses bénéfices. Sur cette question, nous sommes formels.”
Le responsable brandit une carte bancaire qui ressemble à un miroir. “Dans les banques traditionnelles, il y a de la publicité pour la banque sur cette carte. Chez nous, les clients se voient lorsqu’ils jettent un œil sur leur carte bancaire. Après tout, c’est d’eux qu’il s’agit.” Voilà certes un gadget amusant. Mais il montre clairement, par la même occasion, que Trade Republic est bien décidé à s’opposer fermement à l’establishment du secteur financier.
D’ailleurs, à l’égard des banques traditionnelles, Matthias Baccino n’a pas de mots tendres. “Je pourrais gagner plus ailleurs et y travailler moins dur, mais je veux que mon job ait un sens”, dit celui qui fut auparavant employé par la plus grande banque française, BNP Paribas, puis chez le challenger Binck (aujourd’hui Saxo). L’homme sait donc de quoi il parle, même s’il s’exprime bien sûr au nom de sa propre enseigne.
L’utilité des fonds gérés activement avec la synchronisation du marché et la sélection de valeurs, le plus grand mensonge de l’industrie financière.
Des milliers de Belges
Trade Republic a fait parler d’elle ces derniers mois. En novembre, le courtier a annoncé que les clients pouvaient désormais acheter des fractions d’obligations sur sa plateforme, avec des montants à partir de 1 euro – une première en Europe. En décembre, Trade Republic a pu se présenter avec une licence bancaire à part entière. “Nous ne sommes pas allés à Chypre ou à Malte pour cela. Nous remplissons toutes les conditions du régulateur allemand BaFin et de la Banque centrale européenne”, explique Matthias Baccino.
En janvier, Trade Republic a soufflé ses cinq bougies. Le groupe a également annoncé qu’il pourrait présenter des bénéfices pour la première fois lors de l’exercice 2023. “Nous sommes aujourd’hui le plus grand agent de change en Europe, avec 4 millions de clients, qui ont investi 35 milliards d’euros. En Belgique, nous avons plusieurs milliers de clients qui ont investi plus de 100 millions d’euros”, selon le responsable.
Toutefois, les investisseurs belges se heurtent encore à un certain nombre d’obstacles. Par exemple, ils doivent déclarer eux-mêmes la taxe sur les opérations de Bourse (TOB). “Nous donnons un bon aperçu de cette taxe et fournissons aux clients un manuel sur la manière de procéder. Il s’agit littéralement d’un travail de cinq minutes, affirme Matthias Baccino. Nous sommes aussi attachés au marché belge qu’aux 16 autres pays où nous sommes présents. Nous voulions d’abord avoir une plateforme pour tous les Européens, et maintenant nous voulons travailler sur une plateforme plus adaptée au marché local. En 2024, nous commencerons à prélever la taxe boursière et la transmettrons au fisc belge.”
L’argent se retrouve également sur un compte étranger, qui doit être répertorié auprès du Point de contact central (PCC) de la Banque nationale et dans la déclaration d’impôts. “C’est encore cinq minutes de travail”, s’amuse Matthias Baccino. La liste des priorités de l’administration fiscale belge nous apprend que les comptes étrangers sont plus surveillés que les comptes belges. Sur ce point également, le responsable promet des améliorations. Trade Republic a l’intention de servir les clients belges avec des comptes belges dans un avenir proche.
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Investir soi-même
Comment se fait-il que Trade Republic soit la seule institution financière à pouvoir proposer l’investissement en obligations fractionnées ? “Parce qu’aucune autre banque n’y croit. Cela montre également l’incapacité des grandes enseignes à développer des produits numériques pour les jeunes. Or, les jeunes d’aujourd’hui sont les riches de demain. Et nous nous soucions des gens. Nous pensons que chacun a le droit de se constituer un patrimoine et apportons notre soutien à ceux qui en ont le plus besoin.”
“Nous avons passé des années à mettre en place une structure conforme à la législation allemande et approuvée par le régulateur allemand, explique Matthias Baccino. Les investisseurs épargnent des morceaux d’obligations sur une sorte de compte commun avec la banque HSBC. Une fois que les investisseurs ont épargné une obligation complète, celle-ci est transférée sur leur compte individuel. Nous ne travaillons pas avec des produits dérivés et il n’y a donc pas de risque en contrepartie.”
Trade Republic propose des services que les autres banques n’offrent pas. “Vous pouvez percevoir 4 % d’intérêts sur les liquidités”, précise Matthias Baccino. Même si les clients doivent notifier ces revenus dans leur déclaration d’impôts et payer 30 % d’impôts dessus, il s’agit d’un taux d’intérêt intéressant. Ce taux s’applique aux montants inférieurs ou égaux à 50.000 euros. “Vous pouvez également obtenir une remise sur 1 % de vos dépenses totales avec notre carte de débit et le montant peut être arrondi à l’unité supérieure pour chaque dépense. Vous investissez ensuite cette somme dans des ETF ou des fonds passifs cotés en Bourse. Pourquoi uniquement des fonds passifs ? Parce que l’utilité des fonds gérés activement est avec la synchronisation du marché et la sélection de valeurs, le plus grand mensonge de l’industrie financière. La meilleure façon d’investir est tout simplement automatique, chaque jour ou périodiquement, par le biais de plans d’épargne démocratiques. Environ 90 % des fonds gérés activement ont des performances inférieures à celles du marché.”
Pour Matthias Baccino, le secteur financier fait croire aux personnes de moins de 40 ans qu’elles ne peuvent pas investir elles-mêmes. “Mais les gens peuvent investir eux-mêmes. En tant que banque, il nous suffit de leur expliquer correctement la meilleure façon de le faire. Nous promouvons les ETF dans nos plans d’épargne parce que les frais sont peu élevés et parce qu’ils nous permettent de démocratiser l’investissement. Pour moi, les gestionnaires d’actifs qui proposent des fonds communs de placement gérés activement sont des morts-vivants.”
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