“Si les banques n’agissent pas, il y aura un problème de rentabilité”

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Si les banques souhaitent maintenir leur rentabilité dans le futur, elles devraient adopter une série de mesures, ressort-il mercredi d’une étude sur le paysage bancaire belge du bureau de consultance KPMG. Parmi celles-ci figure notamment une réduction des coûts de 10% d’ici 2019, ce qui signifierait une perte de 5.000 emplois à temps plein.

“2015 a été une très bonne année pour les banques belges. Elles ont été les meilleures élèves d’Europe”, explique KPMG. Mais pour maintenir leur rentabilité et conserver des niveaux de solvabilité et de liquidité acceptables, de nombreux défis se dressent devant elles.

Il y a notamment l’impact négatif des marges des banques découlant des facilités de dépôt à taux négatifs de la Banque centrale européenne (BCE), renforcé en Belgique par l’imposition par le gouvernement d’un taux de minimum 0,11% pour la rémunération des dépôts d’épargne. L’environnement actuel caractérisé par des niveaux de taux d’intérêt bas continue en outre à inciter les consommateurs à refinancer leurs emprunts immobiliers à des taux plus faibles et favorables. A cause de cela, les banques gagnent moins d’argent.

S’y ajoutent des taxes bancaires plus élevées, au grand mécontentement du secteur, et de plus en plus de réglementations européennes demandant davantage de réserves en fonds propres.

“Si les banques n’agissent pas, il y aura alors un problème de rentabilité”, prévient KPMG. Celle-ci est actuellement à un niveau plus élevé que dans les années ayant suivi la crise financière de 2008, notamment par une réduction des risques et des économies sur le personnel et le réseau d’agences. Les établissements bancaires doivent à présent s’attaquer au maintien de leurs liquidités (le cash disponible) et de leur solvabilité (la mesure dans laquelle ils peuvent satisfaire aux obligations financières à long terme).

Le bureau de consultance estime que le niveau de rentabilité des capitaux propres va baisser d’environ 10% pour le moment à 6,3% en 2019. Le rendement actuel couvre à peine les capitaux (9,2%) et sera certainement mis sous pression dans les années à venir, prédit-il.

Une série de mesures correctrices est dès lors nécessaire, selon KMPG, et toutes les parties prenantes, clients comme actionnaires, doivent y contribuer. Dans un scénario clément, avec au moins 10% de rentabilité en 2019, les banques doivent économiser 10% ou supprimer 5.000 emplois, revoir les taux des crédits (+50 points de base) et trouver des sources de revenus supplémentaires.

Le bureau de consultance plaide par ailleurs pour l’émission de 5 milliards de nouveaux capitaux (Tier 2), une modification de la politique de dividendes et l’investissement de liquidités et actifs liquides de haute qualité en actifs moins liquides et plus risqués générant un rendement supplémentaire.

Et KPMG de prévenir aussitôt: “plusieurs de ces actions auront un coût pour l’économie belge”.

L’échantillon des banques sondées dans le cadre de cette étude représente environ 90% du secteur bancaire belge.

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