BCE: Sans doute encore un bon mois avant la baisse des taux

Christine Lagarde - Getty Images © Boris Roessler/picture alliance via Getty Images
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le 6 juin prochain, si tout va bien, la BCE devrait enfin desserrer la vis. Elle l’a laissé entrevoir lors de la réunion de ce mercredi.

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé ce mercredi de laisser ses trois taux directeurs inchangés. Le taux de la facilité de dépôt reste donc à 4%, celui des opérations principales de refinancement à 4,50% et celui de la facilité de prêt marginal à 4,75%.

Mais s’il y a une phrase à retenir dans le communiqué de la BCE aujourd’hui, une phrase répétée plusieurs fois en conférence de presse par Christine Lagarde, c’est celle-ci: « Si l’évaluation actualisée, par le Conseil des gouverneurs, des perspectives d’inflation, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la vigueur de la transmission de la politique monétaire devait encore renforcer sa confiance dans la convergence durable de l’inflation vers l’objectif, il serait opportun de réduire le caractère restrictif actuel de la politique monétaire ».

Porte ouverte

Traduction en langage courant :  si, lors de la prochaine réunion du 6 juin, au cours de laquelle le conseil des gouverneurs aura davantage de données à sa disposition, la tendance actuelle au refroidissement de l’économie se confirme, et si donc la BCE est confiante que l’inflation, comme c’est son objectif, devrait redescendre aux alentours de 2% aux alentours du milieu de l’an prochain,  alors, on devrait avoir une baisse des taux. Et le simple fait d’avoir ajouté cette phrase est une porte ouverte à une baisse des taux dans un peu moins de deux mois.

Car cette tendance au refroidissement se marque dans de nombreux domaines. Sous le joug de taux d’intérêt relativement élevés, l’économie européenne affiche une croissance faible. Christine Lagarde par exemple pointé le derniers « lending survey « , une enquête réalisée auprès des banques sur leurs activités de crédit. Et les banques constatent à nouveau une baisse de la demande de crédit de la part des entreprises.  Mais on voit déjà, souligne la présidente de la BCE, une légère baisse des taux offerts aux emprunteur tant sur les prêts aux entreprises qu’aux ménages. Les marchés anticipent donc une baisse prochaine.

Pas de lien avec l‘inflation US

Ces derniers jours, toutefois, certains ont été un peu secoués par les statistiques américaines. On observe en effet outre-Atlantique une hausse plus importante que prévu des prix à la consommation. En mars,  l’indice des prix à la consommation a progressé de 0,4%, soit une hausse de même ampleur qu’en février. Cette dynamique des prix aux Etats-Unis pourrait faire craindre que la Réserve fédérale retarde le mouvement de baisse des taux, et que cela ait un impact sur la BCE. La BCE se concentre sur sa juridiction et ses décisions sont dépendantes des données produites dans la zone euro, répond en substance Christine Lagarde. « Nous opérons dans la zone euro, pour l’économie européenne, dans l’intérêt des Européens et notre objectif est la stabilité des prix, dit-elle. Certes, ses décisions tiennent compte de l’environnement international. Cependant, ce dernier ne se limite pas aux Etats-Unis. Il comprend aussi ce qui se passe en Chine ou au Japon ». Et il comprend aussi ce qui se passe au niveau géopolitique et sur les marchés de l’énergie, même si la BCE est bien consciente qu’il peut y avoir des soubresauts ici ou là.

Salaires, profits et productivité

« Ce que nous observons, conclut la présidente de la BCE, est un processus de désinflation, qui nous conforte dans le fait que la politique monétaire mise en œuvre jusqu’à présent à contribué de manière significative à cet objectif, et nous continuerons à opérer sur la base de trois critères : il faut que la plupart des mesures de l’inflation sous-jacente diminuent, que la hausse des salaires se tasse progressivement et que les entreprises absorbent une partie de l’augmentation des coûts de main-d’œuvre à travers leurs bénéfices. Et nous veillerons aussi à être attentif à la productivité, dont nous attendons une amélioration au cours de cette année ».

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