Qui est Ludivine Pilate, la nouvelle CEO de Puilaetco Dewaay ?
Depuis fin juin, cette jeune quadra sérieuse et loquace dirige la banque Puilaetco Dewaay, spécialisée dans la gestion de patrimoine.
Atout juste 40 ans, Ludivine Pilate est l’un des rares profils féminins à occuper un poste en vue dans le secteur financier en Belgique. Et pas n’importe lequel puisque la jeune femme a endossé voici quelques semaines le costume de CEO de Puilaetco Dewaay, la troisième banque privée indépendante du pays (10 milliards de fonds sous gestion pour 220 collaborateurs). Une maison où elle occupait jusqu’ici les fonctions de chief operating officer, chief financial officer et membre du comité de direction. Déjà un fait rare dans le monde très masculin de la banque, et un challenge que cette bosseuse a relevé. Ce qui lui vaut aujourd’hui de se voir confier les commandes de la banque de l’avenue Hermann-Debroux en lieu et place d’Amaury de Laet, qui a décidé de se consacrer pleinement aux activités commerciales de la banque, en tant que chief commercial officer, laissant donc à Ludivine Pilate le soin de cornaquer l’ensemble des équipes.
Fiabilité et transparence
C’est donc à une femme que revient la mission de diriger l’une des maisons de gestion les plus connues de la place. Allure soignée et large sourire, la principale intéressée se félicite bien évidemment du signal envoyé par son employeur. ” Voir une femme accéder au top d’une institution financière est une bonne chose, avance Ludivine Pilate. On voit bien que les moeurs changent. La perception biaisée à l’égard des femmes non seulement dans la société mais aussi en tant que manager d’entreprise s’estompe. Cela étant, je n’ai jamais eu l’impression dans ma carrière d’avoir été sélectionnée pour un job simplement parce que j’étais une femme. Le set de compétences et la passion restent des éléments primordiaux dans le choix d’un profil. C’est d’abord cela qui compte : être soi-même, être fiable, être transparent, délivrer à temps. Après, si en plus on est une femme, tant mieux. ”
Fille de banquier
Côté compétences justement, Ludivine Pilate affiche un parcours tout entier dédié au monde de la finance. Dès son adolescence déjà, cette fille de banquier a eu l’occasion de se frotter à l’univers de la banque. ” Je devais avoir 14 ou 15 ans, raconte-t-elle, très loquace. A l’époque, mon papa travaillait chez FCCortis. C’est comme cela que j’ai eu l’occasion de faire plusieurs jobs étudiants, notamment dans la salle des coffres. Nous devions préparer les billets pour les distributeurs et les commandes en monnaies étrangères des clients en agence. Il fallait faire des petits paquets de billets, en francs français, en lires italiennes, etc. C’était phénoménal, on était pesé le matin et le soir pour éviter que l’on ne s’encoure avec des liasses de billets. Nous étions des dizaines et des dizaines. Il n’y avait pas de fenêtres et nous avions même une petite prime à cause de cela. En plus, c’était à Bruxelles et dans une grande banque. J’étais personnellement assez fière. Après coup, tout cela peut sembler un petit ridicule, mais c’était impressionnant. ” A ce point impressionnant que Ludivine Pilate choisira d’ailleurs la capitale plutôt que Mons pour ses études supérieures.
C’est d’abord le set de compétences qui compte. Après, si on est une femme, tant mieux.
Fortis, ING, UBS…
La suite pour cette Hainuyère d’origine (Ath), c’est en effet un diplôme à Solvay et des premiers pas professionnels en 2003 chez EY à Bruxelles en tant qu’auditeur spécialisée dans le secteur bancaire. Un secteur qu’elle ne quittera plus par la suite, tout en passant, trois ans plus tard, par le conseil ” pour être davantage en contact avec le métier de banquier “. Chez Accenture d’abord, où elle mène à bien divers projets pour le compte d’institutions bancaires telles que Fortis ou ING, dans des domaines opérationnels comme le back- office de titres. Chez Projective ensuite, où elle travaille sur des dossiers à la dimension nettement plus stratégique et internationale tels que la fusion entre les deux grandes Bourses mondiales Nyse-Euronext et Deutsche Börse.
Pour le banquier suisse UBS enfin, qu’elle rejoint en 2013, elle franchit à nouveau un cap supplémentaire en intégrant l’étage de la direction. Avec tout de suite comme mission la vente de la succursale belge du géant mondial de la gestion de fortune à… un certain Puilaetco Dewaay. Tout un programme ! ” J’étais à peine là d’un an que l’on m’a chargée de préparer la vente. De nouveau, cela a été un projet très intense et une très belle expérience. Il a fallu aller très vite. Nous avons quasiment travaillé 24 heures sur 24 pendant 12 mois “. Si bien qu’une fois le dossier bouclé, arrive sur le coin de son bureau une nouvelle opportunité : reprendre les fonctions de COO et de CFO chez Puilaetco.
Plusieurs défis
Malgré son relatif jeune âge, Ludivine Pilate est donc loin d’être novice dans le métier. Son background et sa première expérience de leadership en tant que COO et CFO lui seront assurément utiles alors qu’elle prend ses nouvelles fonctions dans un contexte qui n’est pas simple pour Puilaetco et les banques en général. ” Le monde bancaire, et certainement celui de la banque privée, est confronté à de nombreux défis. Les attentes des clients évoluent sous l’effet du digital, ce qui demande un gros changement culturel en interne. Il faut trouver le bon équilibre entre une offre digitale convenient et une accessibilité directe aux experts de la banque. On ne se rend pas toujours compte des responsabilités qui sont imposées aux acteurs bancaires, et de tout ce qui va avec d’un point de vue administratif. Tout cela alourdit les processus vis-à-vis des clients et pèse sur les dépenses de fonctionnement. Nous implémentons une nouvelle réglementation tous les mois. Nous sommes le prolongement des régulateurs dans divers domaines (lutte contre le blanchiment, etc.). Pour autant, notre objectif n’est pas de miser sur une digitalisation à l’extrême pour réduire les coûts. Et puis, il y a bien évidemment les taux d’intérêt négatifs qui nous impactent fortement. Dans ce contexte, il est aussi important de clarifier l’image de la banque et d’affiner notre manière de communiquer vers l’extérieur afin de mettre davantage nos points forts en avant et de ne pas seulement faire du branding. ”
De multiples défis auxquels s’en ajoute un dernier : le développement de Puilaetco Dewaay à travers des acquisitions. En effet, assure Ludivine Pilate, ” contrairement à ce qui a été dit dans la presse ces derniers temps, nous ne sommes pas à vendre, nous analysons activement les opportunités d’acquisitions sur le marché de la banque privée “.
Côté jardin
En dehors de ses activités professionnelles, et quand son agenda le permet, Ludivine Pilate s’adonne aux joies de la course à pied. Jeune maman, partageant la vie d’un homme actif dans le domaine du private equity, elle s’occupe bien évidemment aussi de son fils Félix, un petit bout de 15 mois arrivé l’an dernier, juste au moment du basculement des systèmes IT de la banque vers un provider externe (plateforme Lombard Odier). ” C’était une grosse migration, mais finalement, tout s’est bien passé, confie Ludivine Pilate. L’entreprise m’a bien soutenue. Disons aussi que je suis généralement bien organisée dans la gestion de mon temps. Si j’ai une demi-heure de libre devant moi, je vais tout de suite arriver à mettre ma vie privée et ma vie professionnelle l’une à côté de l’autre et de bout en bout. Ce n’est sans doute pas un hasard si ceux qui me connaissent bien me décrivent comme quelqu’un de rapide mais à l’esprit structuré “, conclut la CEO, le sourire aux lèvres.
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