En un mois, le titre du géant bancaire français a perdu plus de 10 % à la Bourse de Paris. La banque, dont l’État belge détient 5,59 % via la SFPI, subit le retour du dossier soudanais, qui ravive de vieux démons judiciaires. Les investisseurs s’inquiètent aussi de la forte hausse des provisions.
Mauvaise nouvelle pour l’État belge qui détient 5,59 % du groupe bancaire français BNP Paribas via la SFPI. L’action du groupe bancaire français a perdu plus de 3 % hier à la Bourse de Paris, portant à près de 14 % sa baisse en un mois.
Plus grande banque de la zone euro par le total du bilan, la maison mère de BNP Paribas Fortis n’est désormais plus que la cinquième en capitalisation boursière. Et pourtant, BNP Paribas a confirmé son objectif annuel de 12,2 milliards d’euros de bénéfice net.
Pour le troisième trimestre, la banque a publié un résultat net en hausse de 6,1 %, à 3,04 milliards d’euros. Un chiffre toutefois légèrement inférieur aux 3,07 milliards attendus par les analystes.
De mauvais souvenirs
Pourquoi cette dégringolade boursière ? En fait, la banque affronte plusieurs vents contraires, entre désordre politique en France et retour du dossier soudanais. Il y a quelques jours, un jury new-yorkais a en effet reconnu BNP Paribas coupable d’avoir aidé le régime d’Omar Al-Bachir, la rendant complice des exactions commises au Soudan.
L’annonce, assortie d’un règlement possible pouvant atteindre 10 milliards de dollars, a fait rejaillir de mauvais souvenirs pour le groupe dirigé par Jean-Laurent Bonnafé, au point de faire plonger le titre de 12 % en quelques jours, soit 6,5 milliards d’euros de capitalisation envolés, malgré les tentatives de la banque pour rassurer les marchés. C’est que BNP Paribas avait déjà plaidé coupable dans ce dossier par le passé et versé 9 milliards de dollars d’amende aux autorités américaines, en 2014.
La peur des “cafards”
En parallèle, les résultats ont également été impactés par les coûts d’intégration d’Axa IM, la société de gestion rachetée l’an dernier au groupe d’assurance français du même nom. Mais aussi par une provision liée à un “dossier spécifique” dans les activités de marché. Au total, les provisions ont bondi de 24 %, atteignant 905 millions d’euros, dont 190 millions pour ce seul dossier. “Il s’agit d’un problème spécifique aux marchés mondiaux, mais nous ne donnons pas de noms. Ce n’est pas le suspect habituel”, a déclaré le directeur financier Lars Machenil à Bloomberg.
Certains analystes s’interrogent sur un possible lien avec les “cafards dans le système de crédit” évoqués récemment par Jamie Dimon, le patron de JP Morgan. Celui-ci faisait allusion à plusieurs faillites dans le secteur automobile américain, comme celles de First Brands et du prêteur Tricolor. “Si vous voyez un cafard, il y en a généralement d’autres”, avait prévenu Dimon, après que sa propre banque eut provisionné 170 millions de dollars pour couvrir la faillite de Tricolor à la mi-octobre.