“Préserver l’accès à l’argent liquide, c’est préserver un espace de liberté”

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“Les banques s’efforcent de persuader l’opinion publique que l’argent liquide ne présente que des désavantages par rapport aux autres moyens de paiement”, constate Anne Fily, responsable de la recherche pour l’ONG Financité qui lutte pour une finance davantage responsable et solidaire.

“Selon ses détracteurs, le cash serait dépassé, peu sûr, très onéreux, favoriserait la fraude, etc., poursuit-Anne Fily. Mais cela se discute. Car le cash présente nombre de bienfaits et pas uniquement en termes d’inclusion financière des personnes peu bancarisées (réfugiés, seniors, etc.). Sans cash, on ne peut plus retirer de l’argent de son compte.

Songez aussi aux catastrophes naturelles qui peuvent rendre indisponibles les réseaux de paiements électroniques. Nous ne sommes pas non plus à l’abri de pannes informatiques ou de cyberattaques. Or, quand plus rien ne fonctionne, le cash permet encore un minimum de transactions.

Anne Fily
Anne Fily, responsable de la recherche pour l’ONG Financité. © PG

Il y a aussi la protection de la vie privée. Toutes les transactions électroniques sont tracées. On peut savoir si vous êtes malade, quel médecin, pharmacien ou kiné vous avez vu, quels sont vos remboursements de mutuelle, etc. On peut aussi voir si vous versez une cotisation à un parti politique, à une organisation religieuse, les personnes avec qui vous interagissez au quotidien, etc. Ce n’est pas pour rien si les géants du web tels que Google s’intéressent aux moyens de paiement. Grâce à toutes ces données, il est possible de dresser votre portrait-robot. Enfin, il faut garder à l’esprit que le cash est un bien commun émis par des institutions publiques: les banques centrales. Or, les schémas de paiement sont émis par des entreprises commerciales. Très en pointe en matière de paiements électroniques et de société sans cash, la Suède a d’ailleurs fait marche arrière pour cette raison. En outre, tous les billets et pièces en euro ont cours légal dans l’ensemble de la zone euro. Cela veut dire qu’ils doivent pouvoir être acceptés n’importe où, ce qui n’est pas le cas des moyens de paiement électronique. Pour toutes ces raisons, les Belges restent attachés à l’argent liquide. Ils ne veulent pas qu’on les prive de ce choix de pouvoir payer avec des espèces. Préserver l’accès au cash, c’est en fait préserver un espace de liberté: il faut en avoir conscience.

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