Pourquoi Paul Magnette veut (encore) taxer les banques

Paul Magnette, président du PS
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Le président du PS dénonce la dérive budgétaire de la coalition Arizona, qui mène selon lui à un déficit de 40 milliards d’euros en 2029. Il plaide pour une taxe sur les “surprofits”, visant notamment Engie et les banques. Un discours de gauche assez classique, mais qui peut aussi parler aux indépendants et aux PME, pas toujours positifs envers les services bancaires.

Paul Magnette a sa petite idée pour renflouer les caisses de l’Etat… plus que jamais vides. “Nous proposons d’aller chercher 6 milliards dans les plus gros patrimoines et 1,5 milliard sur les surprofits”, évoque le président du PS, ce jeudi, dans La Libre. Une contribution modeste, reconnaît-il, mais nécessaire : “Ça ne réglera pas tout, mais c’est déjà ça.”

Engie et les banques

Le chef de file socialiste appelle le gouvernement à “chercher l’argent là où il se trouve”, en ciblant notamment les surprofits. Il propose une taxe de 5 % sur ces bénéfices exceptionnels. “Engie a rapatrié 11 milliards vers sa maison mère en France. Les banques, elles, ont accumulé 8 milliards”, chiffre Paul Magnette qui tire la sonnette d’alarme : “Avec l’Arizona, on fonce vers un déficit de 40 milliards d’euros en 2029, soit 6 % du PIB.” Selon lui, “la situation budgétaire est déjà très difficile à cause de facteurs extérieurs”, mais la majorité actuelle “l’aggrave encore” en augmentant massivement les dépenses militaires et en adoptant une réforme fiscale qu’il juge “mal ciblée”. 

Flatter une frange de l’électorat MR

Rien de neuf sous le soleil, dira-t-on. En revenant à un discours frontal contre certains secteurs très bénéficiaires comme les banques, Paul Magnette réactive un marqueur fort de la gauche. Au grand dam du secteur bancaire qui fait valoir que ses ouailles paient aujourd’hui proportionnellement 80 % d’impôts en plus qu’une entreprise ordinaire en raison de l’augmentation des différentes taxes et contributions imposées au secteur par les gouvernements successifs (taxe pour financer le fonds de garantie, taxe sur les dépôts, etc.).

Oui, mais voilà : les spécialistes en communication politique vous diront que cette nouvelle offensive “taxatoire” de Paul Magnette à l’égard des banques ne vise pas uniquement à mobiliser l’électorat traditionnel du PS. Non, en pointant les quatre enseignes bancaires du pays (KBC, BNP Paribas Fortis, Belfius et ING Belgique), la rhétorique tend aussi une main aux indépendants et aux PME, souvent critiques face grosses institutions financières auprès desquelles ils disent, par exemple, éprouver des difficultés pour obtenir un crédit ou devoir payer beaucoup trop cher certains de leurs services. 

Bref, un message qui pourrait bien séduire au-delà de la base socialiste, y compris dans l’électorat libéral du MR.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content