Pourquoi Ethias se lance en tant que “venture capitalist”
Avec Ethias Ventures, l’assureur devient aussi “capital-risqueur”. Objectif: entrer dans des scale-up innovantes de l’assurance 3.0 pour élargir son offre et améliorer l’expérience utilisateur.
Vous êtes un entrepreneur du web à la recherche d’argent pour grandir? Pourquoi ne pas aller voir du côté de la rue des Croisiers, à Liège. Chez Ethias, plus précisément. Plus que jamais orienté vers le digital, le groupe d’assurance pourra peut-être vous aider. Il vient de se lancer dans le capital à risque avec Ethias Ventures. Objectif de ce nouveau véhicule doté d’une vingtaine de millions d’euros: investir dans les projets les plus prometteurs portés par des start-up explorant l’insurtech.
Depuis plusieurs années, la transformation digitale est à l’oeuvre dans de multiples secteurs de l’économie, dont l’assurance. Pour les compagnies, l’enjeu est de simplifier l’accès aux services généralement perçus comme longs et complexes. Dans ce paysage en plein changement, Ethias Ventures cible les jeunes entreprises belges et européennes actives dans l’insurtech mais qui affichent déjà un certain track record. C’est-à-dire celles qui disposent d’une solution qui a déjà fait ses preuves. Et ce, dans l’un des trois écosystèmes qui renforcent certaines activités de base d’Ethias: la mobilité, la santé et l’habitation.
Une cinquantaine de dossiers font déjà l’objet d’une analyse en interne.
En quête d’innovation
On ne parle donc pas de jouer à l’incubateur. Non, “Ethias Ventures est le véhicule qui doit nous permettre de dénicher des solutions technologiques déjà présentes sur le marché et avec une certaine maturité, situe Nicolas Dumazy, membre du comité de direction d’Ethias en charge de la stratégie et des données ainsi que président d’Ethias Ventures. Bien sûr, les investissements réalisés doivent permettre de dégager une certaine rentabilité. Mais notre approche n’est pas uniquement financière. Elle s’inscrit d’abord dans une dynamique d’innovation au profit du client. Il s’agit de trouver des accélérateurs technologiques qui répondent à de nouveaux besoins ou attentes des clients, en amont ou en aval du produit d’assurance.”
Exemple? Une start-up qui travaille sur la numérisation des espaces intérieurs et extérieurs des bâtiments à des fins de prévention en matière d’assurance incendie est susceptible d’intéresser les équipes d’Ethias Ventures. Au rayon santé connectée, on peut penser à une solution qui assure le monitoring à domicile de personnes en perte d’autonomie ou encore le suivi de patients opérés qui doivent garder le contact avec l’hôpital. Côté mobilité, tout ce qui touche à la multimodalité figure également dans la shopping list du groupe dirigé par Philippe Lallemand.
Focus sur les équipes
Pour pouvoir offrir ce genre de nouveaux services innovants ainsi qu’une expérience utilisateur renouvelée aux clients (1,2 million de particuliers et 46.500 collectivités locales), le pari est donc de poser directement le pied dans l’univers des fonds start-up et du private equity. Pour ce faire, l’assureur mise sur plusieurs investissements par an. Avec un ticket maximum par dossier de 3 millions d’euros. “Nous espérons pouvoir boucler quatre à cinq investissements d’ici fin d’année, confie Nicolas Dumazy. Je suis convaincu qu’il y a de belles opportunités à saisir. Cela étant, nous serons très sélectifs. L’idée est d’être ambitieux mais réaliste. Au-delà de la technologie, la qualité des équipes sera aussi un critère de sélection très important. Avec Ethias Ventures, nous voulons découvrir de nouveaux talents. Et ce, dans une optique de co-création avec l’ensemble des équipes d’Ethias. C’est vraiment une collaboration entre les différentes composantes du groupe que nous voulons promouvoir.”
Parallèlement à cette volonté d’acquérir de nouvelles compétences, ne s’agit-il pas aussi, pour Ethias, d’éviter de se laisser distancer par les nouveaux entrants sur le marché, ces pure players de l’assurance digitale? Par exemple, la jeune pousse française Alan, qui a le vent en poupe… “Oui, en effet, concède Nicolas Dumazy. Et Ethias Ventures n’est que la dernière de nos initiatives en la matière. C’est également pour cette raison qu’Ethias a par exemple créé Flora by Ethias qui, d’un laboratoire technologique, est devenue une insurtech 100% digitale couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’assurance et qui s’adresse aux milléniaux. Flora by Ethias, créée avec notre filiale informatique NRB, s’est positionnée comme une start-up énergique dans la dynamique d’un grand groupe afin de tester de nouvelles méthodes. Avec Ethias Ventures, nous venons encore renforcer cette approche plus disruptive, en nous permettant de dénicher des solutions digitales qui existent déjà sur le marché. Au-delà du digital, un assureur se doit aussi d’être présent sur le terrain pour aider ses clients face à des risques toujours plus complexes.” A commencer par les risques nouveaux tels ceux liés aux pandémies, aux événements climatiques extrêmes, au piratage informatique et à la cybersécurité, etc.
“Pitch days”
Sur le plan opérationnel, le fonds start-up du troisième assureur vie et non-vie sur le marché belge agit comme un traditionnel venture capitalist qui prend des participations, sous forme de fonds propres ou de prêts. Sous la supervision de Nicolas Dumazy et du chief investment officer d’Ethias, Joris Laenen, une équipe dédiée de trois personnes, appuyée d’experts internes (corporate finance, IT, risk), pilotera l’analyse technique, la négociation et le suivi des dossiers.
Pourquoi tout faire in-house et soi-même plutôt que passer par d’autres moyens comme des fonds? “Parce que nous avons essayé de détecter des fonds d’investissement locaux qui se concentrent sur les insurtechs, mais qu’il s’est révélé très difficile de trouver des fonds spécialisés sur la chaîne de l’assurance en Belgique et son marché local, indique Nicolas Dumazy. C’est pourquoi nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait créer notre propre fonds avec des personnes dédiées.”
Si aucun investissement n’a été réalisé à ce jour, une cinquantaine de dossiers font d’ores et déjà l’objet d’une analyse en interne. Pour alimenter le deal flow (flux de dossiers), Ethias compte organiser régulièrement des pitch days – le premier a lieu ce 15 février – au cours desquels les jeunes pousses pourront rapidement se présenter. Un conseil pour sortir du lot: “Mettez-vous toujours à la place du client, démontrez en quoi la solution va améliorer son expérience utilisateur et… n’oubliez pas de présenter votre équipe!”, conclut Nicolas Dumazy.
20 millions d’euros
Le montant des capitaux dont est doté Ethias Ventures.
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