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Panama Papers: ‘Pas besoin de théories du complot, la réalité est assez effrayante’
Le scandale fiscal des Panama Papers a le mérite de rappeler que le grand public adore les théories du complot.
Une fois que les noms des “évadés fiscaux” ont été connus, il n’y avait qu’à lire les sites internet pour voir que chacun avait sa petite idée sur le ou les commanditaires de ces fuites. Partant du principe de savoir à qui profite le crime, chacun y allait de sa petite théorie. Les Russes ont immédiatement désigné la CIA. D’autres, le milliardaire américain Georges Soros. Ou encore un État étranger qui aurait voulu montrer la capacité de nuisance de ses services d’espionnage et que sais-je encore.
Le simple fait que quasi aucun Américain ne figurait sur ces listes a également fait fantasmer certains. Pourtant, la réalité est nettement plus simple et je l’ai déjà expliqué dans mes chroniques. Concernant l’absence de clients américains, il ne faut en effet pas chercher un quelconque complot, mais le simple fait que depuis 2010, les États-Unis ont signé une convention de transparence avec le Panama prévoyant un échange d’information de toutes les données détenues par les banques sur les citoyens des deux pays. En clair, si le Panama était un paradis fiscal pour le monde entier, c’était un enfer fiscal pour les Américains !
Les cachotteries fiscales ne valent rien si l’informatique est une passoire
En fait, comme le fait remarquer l’excellent site d’informations Contrepoints, il n’y a pas de théorie du complot, mais simplement de la bêtise de la part du cabinet d’avocats panaméen qui a organisé ou abrité ces montages fiscaux. Une semaine après l’éclatement de ce scandale, des internautes un peu férus d’informatique ont pu démontrer que les serveurs web de ce cabinet étaient mal configurés, mal sécurisés, voire pas sécurisés du tout ! Comme le souligne Contrepoints, les internautes en mal de complots ne devraient donc “pas attribuer à la malice ce qui s’explique largement par la stupidité !”.
Donc, sur la base de cette absence de sécurité informatique, la fuite aurait pu avoir lieu n’importe quand et c’est d’ailleurs ce qui fait peur. Dès lors que des entreprises – on l’a vu avec Sony il y a quelques mois – ou des cabinets d’avocats qui ont pignon sur rue peuvent se faire pirater, se pose la question de la confidentialité des données privées.
L’une des leçons de cette triste affaire, c’est qu’un petit pays peut voter des lois pour protéger des données et essayer d’attirer des fortunes étrangères en recherche de discrétion, ces cachotteries ne valent rien si l’informatique est une passoire. À quoi sert-il encore de planquer ses avoirs dans une banque supposée très discrète, si cette même banque travaille, par exemple, avec un cabinet d’avocat dont la sécurité informatique laisse à désirer ?
Les banques consacrent des dizaines de millions d’euros ou de dollars à la sécurité informatique, mais l’affaire du Panama montre “que la force d’une chaîne se mesure à son maillon le plus faible”, dixit mes confrères de Contrepoints. Dans le cas présent, c’est le site web d’un cabinet d’avocats panaméen. En résumé, ne cherchons pas de complot là où il n’y a que de l’incompétence !
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